Mais pourquoi fallait-il donc que je me retrouve avec le
cheval le plus fainéant de la terre?
"Tchou !!!! Tchou!!!! Allez, avance! Espèce de
fainéace!!!!! Non, on ne s'arrête pas pour brouter toutes les deux minutes. Et
non, ce n'est pas parce que tu viens de trotiner pendant trente mètres que tu
dois récupérer de tes efforts! Mais quel boulet ce canasson! Et cette odeur?
Mais ils te donnent quoi à manger tes éleveurs? Faut faire quelque-chose là, c'est
pas possible!"
Nous voilà donc parties pour 4 jours à travers les steppes,
jusqu'au lac Song Köl, perché à 3000 mètres d'altitude.
Vous voulez de l'aventure? Et bien là, on va être servies...
Un 4x4 Niva, qui
refoule le benzine, est venu nous chercher à Kochkor. Il s'élance sur une route
qui s'effrite peu à peu jusqu'à devenir une mauvaise piste. Nous atteignons un
col à 2870m avant de bifurquer sur un chemin de terre. Au loin, trois yourtes.
Les bergers ont préparé nos montures. Elles devraient nous conduire, Inch
Allah, jusqu'au lac. Une rapide pensée nous traverse : que vient-on faire dans
cette galère?
Nous chaussons nos casques de vélo. Voici venu le moment de
se hisser en haut de l'animal. La première montée est loin d'être élégante.
Assez ridicule en fait! Heureusement que Khanat, notre guide, vient à la
rescousse. Nous voilà lancées pour deux jours de chevauchée à travers les
steppes, qui se poursuivront par deux jours de randonnée.
Dès le début, l'animal mène la danse. "Keep the control" invective le
guide. Tu parles!
Bien sûr que je garde le contrôle, mais c'est lui qui
choisit la direction. Simple répartition des rôles!
Ce problème résolu, reste à faire avancer l'animal. Et ce n'est
pas une mince affaire. Soyons honnêtes, la chevauchée des steppes imaginée
est un peu éloignée de notre
réalité. C'est d'un pas lent, mais
efficace, que nous gravissons les versants. Il nous faudra traverser 3 rivières,
gravir 4 crêtes, le tout en 5 heures de route, pour arriver à notre premier
camp de yourtes.
À mi-chemin, nous avons déjà les fesses en compotes, les
genoux en miettes et l'irrésistible envie de finir à pieds!
La beauté du paysage nous fait oublier ces petits tracas. Au
loin, des sommets à plus de 3800m s'affichent fièrement avec leur calotte
enneigée. Tout autour de nous, les crêtes recouvertes d'herbe grasse flirtent
avec les 3000 mètres. Le relief, plissé, n'est jamais hostile. Chaque vallée
est traversée de vifs cours d'eau transparente. Mère nature est reine et
l'immensité est son royaume.
Nous avançons, petites et humbles, devant tant de beauté.
La chevauchée se poursuit le lendemain. Ma monture est dans
de meilleures dispositions et la cavalière s'affirme fièrement. Me voilà en
tête de la caravane, formée de Justine, notre guide, ainsi que deux voyageuses
avec lesquelles nous avons sympathisée. Le col a franchir est a 3600m. Je mène
la monture à travers les rocailles. La pente est raide, le sol chaotique.
Après 2 heures
d'ascension, le lac apparaît sous nos yeux émerveillés. La récompense tant
attendue. Le lot de consolation de nos fesses tannées, de nos ecchymoses et
autres meurtrissures.
Nous amorçons la descente. Nous nous élançons à plein galop
à travers les steppes. La chevauchée prend forme. Devant nous, les monts
célestes nous observent. Nous les considérons humblement.
La magie opère.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire