jeudi 18 août 2016

[Chapitre 2] Chevauchée des steppes

Mais pourquoi fallait-il donc que je me retrouve avec le cheval le plus fainéant de la terre?
 
"Tchou !!!! Tchou!!!! Allez, avance! Espèce de fainéace!!!!! Non, on ne s'arrête pas pour brouter toutes les deux minutes. Et non, ce n'est pas parce que tu viens de trotiner pendant trente mètres que tu dois récupérer de tes efforts! Mais quel boulet ce canasson! Et cette odeur? Mais ils te donnent quoi à manger tes éleveurs? Faut faire quelque-chose là, c'est pas possible!"
 
Nous voilà donc parties pour 4 jours à travers les steppes, jusqu'au lac Song Köl, perché à 3000 mètres d'altitude.
 
Vous voulez de l'aventure? Et bien là, on va être servies...
 Un 4x4 Niva, qui refoule le benzine, est venu nous chercher à Kochkor. Il s'élance sur une route qui s'effrite peu à peu jusqu'à devenir une mauvaise piste. Nous atteignons un col à 2870m avant de bifurquer sur un chemin de terre. Au loin, trois yourtes. Les bergers ont préparé nos montures. Elles devraient nous conduire, Inch Allah, jusqu'au lac. Une rapide pensée nous traverse : que vient-on faire dans cette galère?
 
Nous chaussons nos casques de vélo. Voici venu le moment de se hisser en haut de l'animal. La première montée est loin d'être élégante. Assez ridicule en fait! Heureusement que Khanat, notre guide, vient à la rescousse. Nous voilà lancées pour deux jours de chevauchée à travers les steppes, qui se poursuivront par deux jours de randonnée.
 
Dès le début, l'animal mène la danse. "Keep the control" invective le guide. Tu parles!
Bien sûr que je garde le contrôle, mais c'est lui qui choisit la direction. Simple répartition des rôles!
 
Ce problème résolu, reste à faire avancer l'animal. Et ce n'est pas une mince affaire. Soyons honnêtes, la chevauchée des steppes imaginée est  un peu éloignée de notre réalité.  C'est d'un pas lent, mais efficace, que nous gravissons les versants. Il nous faudra traverser 3 rivières, gravir 4 crêtes, le tout en 5 heures de route, pour arriver à notre premier camp de yourtes.
À mi-chemin, nous avons déjà les fesses en compotes, les genoux en miettes et l'irrésistible envie de finir à pieds!
 
La beauté du paysage nous fait oublier ces petits tracas. Au loin, des sommets à plus de 3800m s'affichent fièrement avec leur calotte enneigée. Tout autour de nous, les crêtes recouvertes d'herbe grasse flirtent avec les 3000 mètres. Le relief, plissé, n'est jamais hostile. Chaque vallée est traversée de vifs cours d'eau transparente. Mère nature est reine et l'immensité est son royaume.
 
Nous avançons, petites et humbles, devant tant de beauté.
 
La chevauchée se poursuit le lendemain. Ma monture est dans de meilleures dispositions et la cavalière s'affirme fièrement. Me voilà en tête de la caravane, formée de Justine, notre guide, ainsi que deux voyageuses avec lesquelles nous avons sympathisée. Le col a franchir est a 3600m. Je mène la monture à travers les rocailles. La pente est raide, le sol chaotique.
 Après 2 heures d'ascension, le lac apparaît sous nos yeux émerveillés. La récompense tant attendue. Le lot de consolation de nos fesses tannées, de nos ecchymoses et autres meurtrissures.
 
Nous amorçons la descente. Nous nous élançons à plein galop à travers les steppes. La chevauchée prend forme. Devant nous, les monts célestes nous observent. Nous les considérons humblement.
 La magie opère.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire