vendredi 18 août 2017

[Chapitre 8] Un dernier coup de pouce?

Si vous aviez vu votre tête, quand on a annoncé qu'on explorerait les pays Baltes en autostop.
- les incrédules : "mais pourquoi ? Je ne comprends pas"
- les matérialistes : " les bus sont si chers que ça ? "
- les anxieux : " c'est dangereux le stop non? Vous n'avez pas peur de tomber sur un fou ? Imagine tous les violeurs et les serrial killers qui trainent de nos jours" (à moi-même : ah bon, tant que cela?)
- les ébahis : "waouh, c'est une idée dingue, j’adore !»
- les résignés : "En même temps, celle-là tu ne nous l'avais pas encore faite. Une idée saugrenue de plus..."
Tout a commencé en juin, avec Aurélie. Nous participons à la MadJacques, une course en autostop au départ de Paris, Lyon et Nantes. 800 participants costumés lancés dans une course de vitesse et de rencontres à destination d'un petit village de la Creuse. La plus grande course en autostop jamais organisée au monde, 500 kilomètres à avaler sur la journée. Une découverte et une révélation pour nous. C'est aussi notre première expérience, avec filet et assistance, car tout est bien organisé ; depuis l'appli de géolocalisation jusqu'aux voitures balais pour les équipes en perdition. Nous arrivons 40ème sur 800, une belle performance.
Comme toutes les premières fois, nous nageons entre découverte et hésitation, une flottaison entre deux eaux qui nous donne le goût de l'aventure. Le pouce s'impatiente, il ne demande qu'à repartir.

Le voyage dans les pays Baltes se précise. Il s'annonce bien sage, peut-être un peu trop. Lorsqu'arrive le sms d'Aurelie "et si on y allait en stop ?", c'est l'étincelle. En quelques secondes l'affaire est pliée.
De mon côté j'hésite longuement à commencer mon périple en stop. Il devait initialement débuter en Biélorussie, mais une sombre histoire de visa refusé compromet mes plans. Cap sur Gdansk, en Pologne, et quelques trajets de nuits pour corser la sauce. Pas le temps de faire du stop. Et puis toute seule sans vraiment maîtriser le sujet, c'est peut-être un peu trop audacieux, ou inconscient, s'est selon.

Nous voilà à Kaunas, en Lituanie, prêtes à affronter le bitume, l'esprit ouvert à la rencontre. Le pouce s'agite, il trépigne. Nous sommes parfaitement complémentaires. Aurélie est méthodique et organisée. Elle étudie minutieusement la carte avant de se lancer tête baissée. Elle analyse le spot idéal, surfe entre google maps et google street view pour dénicher la meilleure station-service. Sur place, je prends la suite. J'active sourire, bonne humeur et relationnel pour créer du lien, rapprocher nos mondes et faire naître la rencontre. Je suis un peu le "GO" de la bande. Nos deux pouces sont complémentaires. Le rire est notre meilleur ami.
Pour sûr, les belles rencontres se provoquent. C'est un état d'esprit, un alignement des planètes qui fait que deux êtres se rencontrent. C'est ainsi que nous avons croisé le chemin de cette famille finlandaise sur le chemin de Malaga, un couple de jeunes anglais qui s'est pris d'intérêt pour notre épopée, une religieuse qui priera pour nous, des russes qui se seraient plié en quatre pour nous faire tenir dans la voiture si nous n'avions pas été deux (leur voiture débordait de bagages), et tant d'autres sourires échangés.
Faire du stop, c'est admettre un échange humain sans relation marchande. Un instant de partage de quelques minutes à quelques heures, sans conséquence, avec un début et une fin. Peut-être y aurait-il une continuité, mais rien n'est certain. Il faut être prêt à s'ouvrir à l'autre sans contrepartie, qu'on soit voyageur ou conducteur. Pas si simple dans notre monde sous contrôle où le lâcher prise est une denrée rare.
L'intuition est notre meilleure arme. Bien sûr, les risques existent, en premier lieu les accidents de la route. Un regard sur la voiture, une analyse succincte de la conduite, puis un coup d'œil au conducteur pour ressentir et faire confiance à son instinct. Il faut aussi faire tomber ses propres barrières sociales. Papa et maman ne nous ont-ils pas appris de ne pas monter en voiture avec des inconnus ? On aurait presque l'impression de désobéir, si on n'était pas tant convaincues par le pouvoir de la rencontre.


Ainsi s'achève ce carnet de voyage. Il t'aura peut être donné envie de tenter l'autostop, ou d'ouvrir ta portière à des inconnus. Penses-y lorsque tu les verras, sous la pluie, le pouce en l'air et le sourire au vent !

[Chapitre 7] Chapelet en capitales

Notre égrainage du chapelet des capitales baltes touche à sa fin. Une belle escapade dans ces contrées méconnues.
Rétrospective.
Gdansk, perle de la Baltique. Elle m'a charmé par sa délicate architecture et son histoire tourmentée. Comment rester insensible à la beauté du château de Malbork, l'un des plus grand du monde?  Comment ne pas succomber aux rues médiévales bercées d'immeubles uniques et rivalisant de beauté ? Et puis ce goût insatiable de liberté qui l'anime...
Cap sur Kaunas, cité sans intérêt, sauf celui de démarrer notre épopée en autostop.

Vilnius, elle a le charme d'une capitale qui n'y ressemble pas. Des rues qui se succèdent, sans néon ni escalade m'as-tu-vu. Elle a le charme discret d'une cité de province. Pourtant, sa gastronomie avant gardiste est d'une qualité rare. Pour un budget dérisoire... À quelques kilomètres de là, le château de Trakai, perché sur un îlot au milieu d'un lac aux eaux cristallines. Nous voilà embarquées pour ma première virée en pédalo!

Riga, mon coup de coeur. Sa vieille ville est moins charmante de Vilnius, mais sa richesse est ailleurs. Ce quartier Art Nouveau est de toute beauté. Mon regard s'accroche aux balustres, aux corniches finement ouvragées, à l'asymétrie des  pignons. Nous mettons également des mots sur les maux, face à l'horreur de la réalité soviétique. Toutes les ex républiques de l'Union étaient concernées, c'est pourtant ici que nous prenons notre piqure de rappel. Douloureusement.

Tallinn, ou le règne du Pancho. Il pleut averse. Kway et Pancho sont les rois du défilé des touristes. La ville a un charme fou. De quoi y passer trois jours, si seulement le temps s'y prêtait. De café en boutique, nous tentons de rester au sec, avant de rebrousser chemin. Nous sommes vaincues, trempées et grelottantes. La ville médiévale à pourtant beaucoup à offrir. C'est le terminus de notre épopée en autostop.

Nous saurons dans un ferry à destination de la Finlande voisine. Les voyageurs affluent, chargés de caisses d'alcool. Des provisions pour faire face au différentiel de coût de la vie. 3 heures de traversée plus tard, nous voilà dans notre dernière capitale. Helsinki nous surprend par sa richesse, alors même que nous n'en n'attendions rien. Nous aurions apprécié y rester une journée supplémentaire pour explorer quelques-unes des 300 îles environnantes. Côté climat, les choses empirent. Les averses sont encore plus drues et les éclaircies encore plus courtes.
Au terme de cette ultime journée de visite, voilà le retour à Paris.
Ainsi s'achève cette parenthèse sur les rives de la Baltique.

Pour ceux qui voudraient tenter l'aventure :
- durée idéale : une semaine à dix jours pour les 3 pays baltes
- moyen de transport : définitivement en bus (pas forcément en autostop! À vous de voir...). Les liaisons sont très régulières et peu onéreuses, alors même que le stationnement et la location des véhicules des hors de prix
- idéalement, atterrir à Vilnius et repartir de Tallinn (dans ce sens-là pour un meilleur effet "Waouh"). Vols low cost très abordables (des 100€ l'a/r)
- budget : à partir de 40€/jour en moyenne, sachant que les prix gonflent à mesure qu'on monte vers le nord
- Monnaie : l'Euro
- Langues : l'anglais partout, le russe sinon

- le + : un paradis pour les amateurs de bière. Pour les autres, j'ai testé les limonades, un vrai délice !

[Chapitre 6] La vie n'est pas une partie de pêche

Parfois on se lève le matin, plein d'entrain et d'optimisme. Prêtes à braver les kilomètres, à abattre du bitume, à converser avec le premier venu. C'est certain, le Riga-Talinn se fera en un coup de pouce.

Ou pas. Nous prenons place à la station-service du terminus du tram #6. Un spot idéal à l'embouchure de l'autoroute qui mène de Riga à Tallinn. À y regarder de plus près, c'est un joyeux bordel. Une fourmilière de gens pressés, le pied sur l'accélérateur et le regard absent. Le chassé-croisé des voitures est incessant. Difficile de s'y retrouver. Il s'écoule à peu près une demi-heure avant qu'Aurelie aborde Matias. Il organise un team building à 50km au nord de Riga. Il peut nous déposer avant de bifurquer. C'est entendu, marché conclu. On passe chercher son collègue en chemin. Ils sont adorables tous les deux, et avides de partager leur culture et leur histoire.

Leur GPS indique qu'ils doivent bifurquer. Pas de station-service. Les voilà tout chagrinés. Aurélie est portée par l'élan du pouce et leur déclare tout à fait normalement.
"Ici c'est très bien. On va vite repartir et les voitures roulent assez doucement"
Mais ça va pas dans sa petite tête ? On est au milieu de nulle part, sur la route principale qui traverse le pays, au milieu de la forêt.
Heureusement il y a un abris-bus à une centaine de mètres. Les deux Lettons sont rassurés, nous aussi. Au moins quand il pleuvra on sera à l'abri. Parce que, évidemment, il va se mettre à pleuvoir !

Pour la première fois on joue au "pouce-pancarte". Le vrai stop en somme. Un pouce en avant, une feuille dans l'autre main, et des sourires à s'en décrocher la mâchoire. Nous tenons le pouce ferme et fier. La pancarte n'était pas encore achevée qu'une camionnette nous proposait de nous pousser à 4km de là. Hum... Il nous reste 250 bornes. À ce rythme on n'est pas arrivées. Convaincues de repartir aussi sec, on décline la proposition.
Voilà 1h30 qu'on attend. Il se met à pleuvoir. Le pouce s'impatiente. Nous avons quitté Riga il y a 3heures et avons parcouru 50km. À cette allure on risque de passer la nuit ici.
Un bus s'arrête. On range le pouce au fond d'une poche et on décide monter à bord. Station-service en vue, vingt kilomètres parcourus hors-piste, mais qu'importe. Nous voilà dans notre élément, prêtes à partir directement pour Tallinn. Maintenant c'est certain, rien ne peut nous arrêter.

À la pêche, ça mord ou pas. Le pêcheur averti prend son mal en patience. S'il rentre bredouille, qu'importe. Il aura passé un bon moment. Sauf que le stop, c'est différent. L'intérêt réside dans la rencontre. Alors quand les minutes s'installent, le temps semble long.
Qu'il l'est, sur cette aire d'autoroute. J'ai le pouce triste. Personne ne veut de nous.
Bon... Ok... Ça fait plus d'une heure qu'on attend. Les voitures rentrent toutes à Riga. Et dire que j'aurais parié qu'on dégoterait quasi immédiatement une voiture direct pour Tallinn. J'ai le pouce ronchon. Un bus devrait passer dans 15 minutes. Résignées, nous sommes prêtes à rendre les pouces. Mais Aurélie ne se laisse pas abattre comme cela. Elle se lance, à pouce perdu, dans une ultime tentative de "pouce pancarte" au bord de la grande route. Je la regarde sceptique.
Elle a à peine porté le pouce en l'air qu'un gros 4x4 Lexus met ses warning et lui dit de monter. Elle me fait de grands signes, je rapplique avec les sacs, incrédule. Elle a le pouce en or!

Notre hôte est un peu rustre au démarrage. Il ne parle pas bien anglais. Il a tout d'un mafieux soviétique, mais soyons honnête, on est bien contente de l'avoir trouvé en route. Il rentre d'un rendez-vous commercial dans la province russe de Kaliningrad, cette enclavée entre le Pologne et la Lituanie. Il a l'air bien content d'avoir un peu de compagnie. On est installées comme des princesses dans sa voiture de luxe. On se croirait dans un canapé, à regarder le paysage défiler. On va avaler tranquillement les 250 km qui nous séparent de Tallinn. On discute. Il est Azerbaïdjanais d'origine. Il est venu en Estonie il y a 30 ans, pour son service militaire. C'était du temps de l'Union Soviétique. Elle a éclaté. Lui est resté. Sa vie et sa famille sont ici. On parle du Turkménistan voisin. Il découvre que je parle russe et se détend immédiatement. On fait saute-mouton dans les deux langues. Le pouce est heureux, la rencontre est belle.
On passe les portes de la ville à 16:02.
Le monsieur nous dépose à la prochaine station. Nous sommes au bout du parcours.

Alors voilà, on l'a fait! Nous avons traversé les Pays Baltes en autostop.
710 kilomètres parcours
7 véhicules empruntés
19 h de stop (dont 2h en pleine forêt!)
3 pays traversés en stop (et 5 sur la totalité du séjour)

Et d'innombrables belles rencontres, en voiture ou au bord de la route.

[Chapitre 5] Riga, du sublime au sinistre

Riga, une petite pépite perchée au nord de la Lettonie. Presque épargnée par les bombardements et le bétonnage soviétique, elle a gardé son cachet d'antan. Une histoire riche qui se conjugue aux passés.
Il y a d'abord la vieille ville avec ses rues médiévales et ses quartiers des XVII-XVIIIèmes siècles. Un repère de fêtards et autres touristes, venus goûter à la vie nocturne grâce aux innombrables bars. Jusque-là, je n'étais pas séduite. Vilnius nous avait offert plus de douceur, plus de mesure et d'intimité.

Le trésor de Riga est de l'autre côté des grands boulevards, dans un quartier jadis sertit de remparts. Face à l'accroissement démesuré de la population, la ville de transforme. Nous sommes au tournant du XXieme siècle. À la même époque, Mucha (Hongrie), Guimart (France), Gaudi (Espagne) ou encore Horta (Bruxelles) font émerger un art total, mêlant tous les artisanats et faisant cohabiter hommes, nature et mythologies. L'Art Nouveau voit le jour, nous sommes en 1900. Riga n'est pas en reste. Cependant, il faudra attendre près d'un siècle avant que sa grandeur soit reconnue par l'UNESCO. Pourtant, quel délice...
Je trépignais d'impatience à l'idée de partir à l'assaut de ce quartier et de ces pages de l'histoire architecturale. Nous y sommes. Là, devant ces chefs d'œuvres oubliés de l'Art du XXeme siècle.
Car ils ne se contentèrent pas de copier, ils créèrent un style letton, inspiré des motifs traditionnels, et puisant leur inspiration dans la mythologie égyptienne et gréco-romaine. On y retrouve le savant mélange des matériaux : fer forgé, céramique, verre, bois... Et des couleurs. Cependant, le style est plus asymétrique, plus déstructuré, comme pour donner plus de tonus et de vitalité.
Riga se visite la tête en l'air. Chaque immeuble donne l'occasion d'un arrêt sur image. Ici des chimères ou des têtes de pélicans, là des balcons aux ferronneries végétales. Je me délecte à chaque angle de rues. Aurélie n'est pas en reste. Guimart nous suit depuis notre premier jeu de piste, dans le 16eme arrondissement. Depuis, elle prend de l'Art nouveau en intraveineuses à chaque visite de capitales européennes. On dirait que ça porte ses fruits. La voilà à l'écoute des lignes verticales, des céramiques turquoise et des arabesques en bois.
Nous nous glissons incognito dans un immeuble lorsqu'un de ses occupants en sort. Une pincée d'interdit, un soupçon de bravoure. Mais le meilleur est dans la rue d'en face. Un incroyable escalier à vis, intégralement peint de motifs végétaux. Nous passons plusieurs heures à déambuler dans le quartier. Nous pourrions encore y rester, à flâner la tête en l'air. Cependant, c'est l'heure du plov. Souvenez-vous, ce plat de riz d'Asie Centrale, cuisiné à l'huile de coton avec du mouton bouilli et des carottes. Nous voilà attablées dans un restaurant ouzbèque, à savourer ce petit trésor venu de loin.

Ainsi s'achève la quiétude et l'insouciance. On ne peut pas échapper à l'Histoire, ni aux histoires. Celles de millions d'hommes et de femmes au destin torturé par un demi-siècle d'horreurs. Nous voilà devant l'ancien siège de la police politique de la République Soviétique Socialiste de Lettonie, le KGB, appelé ici la Tchéka.
À première vue, c'est un bâtiment à la façade défraichie. Comme beaucoup d'autres dans cette artère passante. C'est un immeuble de style Art Nouveau, inoccupé pendant de nombreuses années. Une simple pancarte en longueur indique le lieu. En poussant la porte, on fait un saut dans le temps. Ça commence avec le ticket que la jeune femme nous tend : un papier rose écrit en russe, une imitation de laisser-aller. La décoration défraichie interroge : choix muséographique ou devoir de mémoire? Retour dans les années 70-80, c'est presque hier pourtant. Comme si rien n'avait bougé depuis la chute de l'URSS.
Nous sommes une vingtaine de visiteurs à pousser la porte du fond. Celle qui donne accès à la face cachée et indicible de l'Histoire. Nous entrons dans le cœur du siège du KGB. Salle d'interrogatoires, cellules, lieux d'isolement, cuisines insalubres, salle d'exécution. Le récit de la guide est glaçant. Son ton et sa diction renforcent la pesanteur du lieu. Elle porte le témoignage de son arrière grand-père, et de tant d'autres.
Entre ces murs, les fantômes du passé peinent à se libérer. L'Histoire est encore tellement récente. 1991, c'était hier. Des millions d'hommes et de femmes humiliés, torturés, exécutés, déportés en Sibérie, au Kazakhstan et aux confins de l'Union. Ces pages de l'Histoire dont on parle trop peu, et qui nous reviennent en boomerang en ce début août 2017.
La maison révèle ses sinistres secrets, à l'heure où l'impérialisme russe se fait de moins en moins discret.
La visite se termine. Nous quittons le lieu à travers une porte cochère qui donne sur la cour intérieure. Celle-là même qui servait à évacuer les cadavres des prisonniers exécutés.
Nous voilà de nouveau dans les rues animées de la belle Riga. On aimerait vite fermer cette parenthèse et replonger avec insouciance dans le voyage. Pas si simple...

En route pour notre nouveau logement ! Un voyage sans aléa et sans petits imprévus serait bien fade. Alors on a corsé la sauce. Visiblement on s'est trompé dans l'itinéraire et dans les nuitées. Tout est décalé, il en manque et c'est un peu le bazar... On s'en est aperçu sur un malentendu à Vilnius, au détour d'une conversation anodine avec un couple de retraités français. Alors, zou. Un calendrier sous le coude, cette question récurrente "mais attend, on est quel jour-là?!" et rebelote, réservations et plan B car c'est assez complet en cette saison. Tout roule, c'est corrigé !
Pour notre nuit la plus chère de l'histoire, nous voilà dans un air BNB d'un jeune célibataire. Une sorte de taverne bordélique au septième et dernier étage d'un immeuble 1930. Un loft décadent dans lequel le lit jouxte les toilettes et la baignoire encastrée dans le parquet. Parfait pour notre love story avec Aurélie ! Heureusement qu'on se connait bien car c'est ... Intimiste^^.


Demain, cap sur l'Estonie. 310 km en stop, sous la pluie. On espère de belles rencontres et encore beaucoup de fous rires. Que l'aventure est belle quand elle est partagée !

[Chapitre 4] De petites victoires en grandes traversées

Andres : Vous n'êtes pas vraiment bien placé. Il faudrait que vous soyez là, plus au nord, fait-il en nous montrant la carte sur le gps
Marine : vous savez s'il y a des bus pour y aller?
Andres : arf, c'est pas simple. [Il réfléchie, Aurélie s'assure qu'il nous mène sur la bonne voie]. Le mieux c'est que je vous dépose
Marine : c'est sur votre chemin?
Andres : pas vraiment, mais ça me fait plaisir de vous aider.
Et voilà comment, quelques minutes avant neuf heures, Andres démontait un des deux sièges bébé de son monospace pour y caser deux auto-stoppeuses françaises rencontrées à une station-service. C'est ainsi qu'il nous a raconté avoir lancé la première radio indépendante de Lituanie, qui dure depuis douze ans maintenant, avoir fait un voyage d'études à Nancy et mettre bientôt le cap vers Helsinki, pour une émigration définitive dans un pays a l'écart des soubresauts de ma géopolitique internationales.

Nous voilà donc à l'entrée de l'A2, cap au Nord. 350 km plus loin et de l'autre côté de la frontière, nous devrions arriver à Riga, en Lettonie.
Premières prises de contact avec des conducteurs. L'aventure est faire de petites victoires, qui ouvrent la voie à de grandes traversées. Me voilà en train de discuter un trajet en Autostop... en russe! Mieux que cela, nous levons le camp. Mariuz est mécanicien. Il fait plusieurs fois par semaine la route vers la Lettonie. La conversation n'est pas très poussée mais on baragouine. 80km engloutis, un début prometteur. Ensuite Mariuz bifurque, c'était convenu ainsi. Lorsqu'il met ses warning pour nous lâcher sur la bande d'arrêt d'urgence juste avant la bretelle, on hésite en frisson et fou rire. De route façon je ne sais pas dire "dangereux" en russe. Alors à grands renforts de phrases tordues, on lui fait comprendre qu' il doit nous laisser à la station-service la plus proche. C'est dans la poche, pense-t-on. Sauf que la station-service est partagée dans les deux sens de circulation et que tous les véhicules retournent à Vilnius.
Pelé mêle de rencontres adorables. Notre histoire leur plait. La destinée met Arthuras sur notre chemin. Il est mignon, monsieur Bisou. Il rentre à Vilnius mais il aime bien notre aventure. Il est tout content de tailler une bavette en anglais. Il fait un crochet à la station-service précédente pour nous déposer. Une poignée de main pour se saluer, et voilà qui nous pose un gros bisou sur la joue avant de filer. Euh... On n'a pas le temps de dire quoi que ce soit, même pas de grommeler. Il file aussi sec, dans sa camionnette d'électricien.

Puis vient le moment de solitude intense. Celui où tu te retrouves sur une aire d'autoroute déserte, exactement à mi-chemin entre Vilnius et Riga. Là où commence l'éloge de la patience. Les demi-heures s'égrènent... Pas grand monde sur l'autoroute et les quelques voitures vont en sens inverse. Néanmoins encore de belles rencontres, comme cette famille finlandaise qui déménage à Malaga. Elle adore notre voyage malheureusement ils mettent cap au sud. On bavarde quelques minutes. Une tape dans la main pour se souhaiter bon vent, et des coups de klaxon pour souder la rencontre.
Retour à la case départ. Il y a bien cette belle Jaguar aubergine, qui relève presque du defi. Imagine, de l'autostop en Jaguar ? C'est la classe non ? Allez, on tente ! Chou blanc...
Toujours personne sur l’autoroute. Si à 14h on n'est pas parties, on trouve un moyen d'aller à la gare routière et on prend le bus... Enfin, ce serait un échec quand même. 2h écoulées, encore une heure avant de baisser les bras...

Je dessine un visage triste sur mon pouce gauche. Exactement au même moment Aurélie trouve une adorable famille anglo-polonaise qui passe ses vacances dans les pays baltes. Une belle rencontre, au bord de la route. On parle de tout : de la vie en Pologne, de leurs vacances en transit Étienne, de l'immigration en France, de l'ex union soviétique, de voyages... Les kilomètres s'égrènent, les minutes défilent. Bientôt le panneau "Lettonie". Nous y sommes!! Enfin, Riga.

De sauts de puce en coups de pouce, nous voilà à mi-parcours. L'idée d'arriver au bout semble de moins en moins farfelue. La curiosité des gens que nous rencontrons et l'étincelle dans leurs yeux lorsqu'on raconte notre épopée nous fait dire qu'elle réserve encore de belles surprises. Qu'importe le chemin, qu'importe la durée. Chaque minute est unique et nous les savourons.


Il est temps de partir à la découverte de l'intrépide Riga. La vieille ville n'a peut-être pas le cachet de Vilnius mais son quartier Art Nouveau m'intrigue. Chaque jour son mot de découvertes. J'ai déjà hâte d'être demain...

[Chapitre 3] Le pouce en fête !

Aurélie : J'y crois pas à ce spot. Les gens ne s'arrêteront jamais ici.
Elle n'a pas tort. On est au bord d'une grande avenue, deux fois 4 voies, au pied d'un arrêt de bus. Avec notre petite pancarte "Vilnius" qui commence à prendre la pluie, c'est mal embarqué cette histoire.
Marine : Bon... C'est pas très concluant notre affaire.
Aurélie : Ça fait même pas 15 minutes... On se donne une demi-heure et on avise. Ok?

L'aventure est en marche !
J'ai quitté Gdansk presque à regret sur les coups de 19h la veille.
Après être partie à l'assaut du plus grand château médiéval d'Europe, avoir bravé les Croisades auprès des chevaliers de l'ordre Teutonique, puis combattu l'envahisseur prussiens, j'ai mis le cap sur le farniente à la nordique. Une journée plage et coups de soleil à Sopot, la Deauville Baltique. Plage de sable fin, derricks pétroliers et chantiers navals en arrière-plan, mer à 18 degrés. Bon, s'il n'y a que ça a se mettre sous la dent, allons-y!
Il est temps de repartir. Un débarbouillage/désablage express, quelques courses et zou, c'est parti pour 10h de bus.
Kaunas, Littuanie - 5h20. Je passe la porte d'un surprenant hôtel, tout droit sorti d'un film des années 30. Décoration et charme d'une époque désuète. Je monte les escaliers à pas feutrés. On dirait un rendez-vous entre amants clandestins! Je toque à la lourde porte en bois, la réceptionniste téléphone à Aurelie. On réveille sûrement tout l'hôtel... Je me glisse sous la couette et grignote trois heures de sommeil. Il est temps de passer aux choses sérieuses.
Le temps se gâte. Ça sent l'orage. Voilà 30 minutes qu'on active les sourires au bord de l'avenue. Aurélie a trouvé le point idéal à l'entrée de l'autoroute qui mène à Vilnius. 120 km en ligne droite, so easy... Ou presque !
On alterne fous rires et moment de réalisme. Elle est un peu dingue notre idée d'autostop. Est-ce que ça va marcher ? S'il faut retourner à la gare routière pour prendre le bus, on n'est pas arrivées...

Une petite mamie nous aborde. On parle russe.
- Pour Vilnius, il faut prendre le bus derrière le carrefour, de l'autre côté. Ici c'est pas bon pour vous.
- Le bus? Ah non, on y va en stop! (Note : très fière, j'ai appris à dire "autostop" en russe !)
- En stop? C'est vrai? Ah bah là je ne peux pas vous aider... Bon voyage!

C'est décidé, on change de place.  Il nous faut un lieu qui permet plus de proximité. On se met en quête d'une station-service. Traversée hasardeuse d'un carrefour à 8 voies dans tous les sens et sans passage piéton...

"Hello, we are two Girls, from France, travelling to Helsinki. By chance, do you drive to Vilnius?"
Le discours est dans la poche. C'est parti!

Encore 30 minutes à arrêter chaque conducteur qui vient faire le plein d'essence. Personne ne semble aller à Vilnius. Les gens sont sympas et nous souhaitent bonne chance. Ça sent le roussi notre histoire. Je dessine un smiley triste sur mon pouce gauche. J'ai à peine posé le style qu'Aurelie revient sourire aux lèvres. C'est bon!!!
Aurélie : on va à Vilnius...
Tomas : oui, moi aussi, montez
Aurélie : Euh... On fait du stop ? Vous nous emmenez ?
Tomas : Oui,bien sûr. Je fais le plein et on y va. Montez
Olala... On y croit à peine! On vient de réussir notre première vraie demande en stop! Sans filet et sans assistance. On dessine un pouce "happy" sur notre main droite. C'est parti!!! Le pouce en fête, on prend la route.

Tomas est adorable. Il fait du trading de voitures allemande vers Hong Kong. Il sera papa dans quelques mois. Il nous parle des relations tendues avec la Russie, des changements liés à l'Europe, des belles choses à voir dans son pays, de ses voyages. Il nous conduit à bon port dans une BMW toute neuve. Mieux encore, il nous dépose à notre logement, trop content de nous aider dans notre expédition, et très fière d'être notre "First driver". Le clou du trajet, il a arrêté une voiture sur le bas-côté pour que sa conductrice nous prenne en photo.


Prochaine étape, rallier Vilnius à Riga. 265 km et un passage frontière. Chiche?

[Chapitre 2] Lettre à Gdansk

Gdansk, beauté insoupçonnée. Je te situé sur la carte à travers les manuels d'histoire. Tu as vu basculer l'Europe en 1939. Car c'est ici, au bout du corridor de Dantzig, ton nom allemand, qu'ont eu lieu les premiers combats de la seconde guerre mondiale. C'est ici que le tragique destin de millions d'hommes et de femmes allait se signer, se saigner.
Bombardée, annexée, ruinée, tu t'es relevée. Tu continues à te reconstruire, en témoignent les dizaines de grues qui s'élèvent autour de la vieille ville. Pourtant quelle destinée...
Tour à tour cité autonome au régime souverain et ville annexée par les prussiens, les teutons, les baltes... Tu as construit ta richesse sur le commerce du blé et le transport de marchandises.
L'architecture de la vieille ville en témoigne. Elle a traversé les siècles avec autant d'élégance que de délicatesse. Parmi les hautes maisons colorées, on jongle avec les styles : flamand, gothique, néo-classique, art nouveau, renaissance... Chaque immeuble mérite de s'y arrêter. Derrière chacun une histoire à raconter. Mise à terre, détruite et reconstruite, tu ferais presque oublier les douleurs de ton passé.
Gdansk, je te découvre par la flânerie.
Je me suis assise à la terrasse d'un café pour regarder le balai des badauds : les groupes de touristes allemands et leurs éternelles chaussettes, les convois de poussette, les amoureux transis, les amants inavouables, les couples qui se découvrent, les familles recomposées, la bande de potes venus faire la fête... Tu respires la quiétude. Portraitistes, faiseurs de bulles de savon, marchands d'ambre, pirates et autres troubadours, musiciens... Tous t'animent. Les marchands de glace sont tout aussi nombreux que les cafés. Serait-ce un sport national ? Depuis toujours, tu es l'avant-poste de la liberté.

La liberté. Un mot que tu portes au fond de toi.
1970. Cette date te donne des frissons, ton pays a tant saigné. Un premier soulèvement ouvrier est maté par la violence.
Eté 1980, le prix des denrées alimentaires flambe, des grèves éclatent dans le monde ouvrier. On réclame un syndicat indépendant et autonome, capable de défendre les droits des ouvriers. Les chantiers navals font la fierté et la renommée de toute l'Union Soviétique. C'est pourtant là que la révolte éclate. Le mouvement Solidarnosc durera près de dix ans, alternant clandestinité et percée politique.

Plac Solidarnosc. A l'arrière-plan de ce cliché intemporel, les bras articulés des chantiers navals. On dirait de grosses araignées. Le ciel est gris et bas. L'orage est imminent.
Un homme en bleu de travail arrive des chantiers tout proches. Il s'assied sur un banc, le regard face au monument commémoratif. Quel âge peut-il bien avoir ? Que faisait-il en 1980 ?
Au pied de l'immense mémorial, cette citation traduite en plusieurs langues.
"Aux victimes, dédie à leur mémoire et en signe d'hommage,
Aux gouvernements, en signe d'avertissement qu'aucun conflit social dans notre patrie ne peut être résolu par la force,
Aux concitoyens en signe d'espoir que le mal peut être surmonté."
Nous voilà exactement là où tout à basculé. Là où l'URSS s'est fissurée sous la houlette de Lech Walesa, simple ouvrier, futur Président de la République de Pologne et prix Nobel de la paix. C'était il y a près de 40 ans. Alors lorsqu'un arc en ciel est venu encadrer la place Solidarnosc, les regards se sont arrêtés quelques instants. C'est ma voisine de tram me l'a fait remarquer.

Juillet 2017. Dans les journaux européens, les gros titres trahissent la peur de voir basculer la Pologne hors du cadre de la démocratie.
Souviens-toi, Gdansk, du chemin parcouru. Tout est tellement fragile.
Bien à toi.

[Chapitre 1] Éloge de la lenteur

Le train entre en gare. Un lombric métallique, une carcasse articulée qui s'élance à travers la Pologne pour une course folle. Il fend la nuit au rythme lent de celui qui n'a pas pour vocation de vaincre les minutes.
22:40. Je prends place dans le compartiment. Ils sont déjà 4 passagers à sillonner la vaste plaine. En face de moi, un jeune homme, la trentaine dévore frénétiquement son livre de science-fiction. À sa droite, une dame à l'anglais impeccable, prendra soin de me prévenir à l'approche de ma station. Elle partage la banquette de velours vert avec un monsieur aux cheveux blancs et à la chemise damassée.
À cette heure, le bruit des wagons sur les rails rompt le silence de la nuit. L'engin se met en branle. L'air frais s'engouffre par la fenêtre. Il s'enroule autour de ma nuque. Je frissonne. Cette odeur... Un mélange de bitume chaud et de frein fondu. La porte du compartiment claque à chaque soubresaut de la diligence.

J'aime l'atmosphère surannée des expéditions ferroviaires. Nul doute que celle-ci sera plus calme que ma dernière virée polonaise.
Août 2012, épopée par le rail d'Istanbul à Faremoutiers, en Seine et Marne. 5 semaines à travers l'Europe. J'ai rendez-vous à Berlin avec Axanne. Je dégotté au pied levé une place dans un train de nuit depuis Cracovie. Dans le compartiment, nous sommes deux, lui et moi. Lui, un jeune gothique qui descend sans relâche un vin bon marché aromatisé à la cerise, planqué dans une bouteille de coca. Le type est super bizarre, le compartiment fermé, porte et fenêtres occultées par les rideaux. "Tu n'as pas peur de voyager seule? Tu pourrais faire de mauvaises rencontres...". Euh... maintenant qu'on en en parle... J'étais presque soulagée quand une bande de jeunes polonais est monté dans le train quelques stations plus tard, joyeusement ivres, pour taper le carton toute la nuit à grands renforts de vodka !
Le train s'arrête. Je me suis endormie, profondément. Je regarde mon téléphone. Déjà deux heures écoulées. Le lecteur qui me fait face à presque terminé son bouquin. Les autres passagers ont changé de place. À ma droite, le monsieur grisonnant a pris ses aises. Quand je dis "à ma droite" c'est peu dire. Il dort... Sur mon épaule ! J'échange un regard médusé avec mes voisins d'en face, qui n'en pensent pas moins. Je gesticule pour le repousser gentiment. Ça n'a pas l'air de le déranger plus que ça !
Alors, mettons les choses au clair. J'ai sûrement des épaules moelleuses et confortables, mais elles ne se prêtent pas aux inconnus. Allez, oust! Je me rendors, lui aussi. Toujours aussi collé... Ca suffit là, surtout que vous n'avez pas de voisin à votre droite et toute la place pour vous étaler ! Le message est clair?! Je me mors les joues pour ne pas rire. De toute façon je descends dans 40 minutes...

Il pleut. Me voilà presque au bout de ma longue échappée de Joinville à Gdansk. Je saute dans un taxi. Il est 3h du matin lorsque je me glisse sous la couette. J'ai l'impression d'avoir quitté la maison depuis une éternité. Demain, je prévois de traverser l'histoire millénaire d'une des plus vieilles villes d'Europe...

[Chapitre 0] A deux pouces, de Pologne jusqu’en Finlande en autostop

Partir. Loin et près à la fois.
Un bagage léger, la tête ailleurs et l'esprit ouvert.
Se dire qu'on ne sait pas exactement où on va, et que la route n'est pas complètement tracée. Qu'il y a une part d'aléa, de lâcher prise pour couper avec notre quotidien sous contrôle.

Le pouce en fête, fier et droit au bord du chemin. Il sera guide, un mètre devant. On espère qu'il sera à la hauteur. Et sinon? On le rangera discrètement dans une poche et on prendra un ticket de bus. Qu'importe.
L'inconnu, les rencontres, la découverte de l'Autre, tel est le programme.

Joinville, Paris, Beauvais, Varsovie, Gdansk. Le début de l'aventure. Retrouver le plaisir de dompter l'inconnu, seule.
D'abord découvrir Gdansk, ville de pêcheurs du nord de la Pologne, qui a marqué un tournant dramatique dans l'histoire du XXeme siècle.
Puis égrainer les pays Baltes, du Sud au Nord, à petits coups d'autostop. Traverser la Baltique pour grignoter un bout de Finlande.

Partager cette nouvelle expédition avec Aurélie, comparse inébranlable des épopées insolites. Après l'Inde, l'Ukraine, le Sénégal et l'Espagne, cap au Nord. Rarement voyage en tandem a été aussi peu préparé. Mettons cela sur l'effet d'expérience, sur la confiance en notre bonne étoile et sur l'écoute attentive de ce qui nous entoure.

Midi quinze, mon Blablacar pour Beauvais ne devrait plus tarder. Le souffle de l'aventure ne m'a pas encore complètement gagné, mon esprit n'a pas encore lâché son hyperactivité habituelle. Déjà, pourtant, la curiosité me titille...


Bien à toi, lecteur.