Andres : Vous n'êtes pas vraiment bien placé. Il faudrait
que vous soyez là, plus au nord, fait-il en nous montrant la carte sur le gps
Marine : vous savez s'il y a des bus pour y aller?
Andres : arf, c'est pas simple. [Il réfléchie, Aurélie
s'assure qu'il nous mène sur la bonne voie]. Le mieux c'est que je vous dépose
Marine : c'est sur votre chemin?
Andres : pas vraiment, mais ça me fait plaisir de vous
aider.
Et voilà comment, quelques minutes avant neuf heures, Andres
démontait un des deux sièges bébé de son monospace pour y caser deux
auto-stoppeuses françaises rencontrées à une station-service. C'est ainsi qu'il
nous a raconté avoir lancé la première radio indépendante de Lituanie, qui dure
depuis douze ans maintenant, avoir fait un voyage d'études à Nancy et mettre
bientôt le cap vers Helsinki, pour une émigration définitive dans un pays a
l'écart des soubresauts de ma géopolitique internationales.
Nous voilà donc à l'entrée de l'A2, cap au Nord. 350 km plus
loin et de l'autre côté de la frontière, nous devrions arriver à Riga, en Lettonie.
Premières prises de contact avec des conducteurs. L'aventure
est faire de petites victoires, qui ouvrent la voie à de grandes traversées. Me
voilà en train de discuter un trajet en Autostop... en russe! Mieux que cela,
nous levons le camp. Mariuz est mécanicien. Il fait plusieurs fois par semaine
la route vers la Lettonie. La conversation n'est pas très poussée mais on
baragouine. 80km engloutis, un début prometteur. Ensuite Mariuz bifurque,
c'était convenu ainsi. Lorsqu'il met ses warning pour nous lâcher sur la bande
d'arrêt d'urgence juste avant la bretelle, on hésite en frisson et fou rire. De
route façon je ne sais pas dire "dangereux" en russe. Alors à grands
renforts de phrases tordues, on lui fait comprendre qu' il doit nous laisser à
la station-service la plus proche. C'est dans la poche, pense-t-on. Sauf que la
station-service est partagée dans les deux sens de circulation et que tous les
véhicules retournent à Vilnius.
Pelé mêle de rencontres adorables. Notre histoire leur
plait. La destinée met Arthuras sur notre chemin. Il est mignon, monsieur
Bisou. Il rentre à Vilnius mais il aime bien notre aventure. Il est tout
content de tailler une bavette en anglais. Il fait un crochet à la station-service
précédente pour nous déposer. Une poignée de main pour se saluer, et voilà qui
nous pose un gros bisou sur la joue avant de filer. Euh... On n'a pas le temps
de dire quoi que ce soit, même pas de grommeler. Il file aussi sec, dans sa
camionnette d'électricien.
Puis vient le moment de solitude intense. Celui où tu te
retrouves sur une aire d'autoroute déserte, exactement à mi-chemin entre
Vilnius et Riga. Là où commence l'éloge de la patience. Les demi-heures
s'égrènent... Pas grand monde sur l'autoroute et les quelques voitures vont en
sens inverse. Néanmoins encore de belles rencontres, comme cette famille
finlandaise qui déménage à Malaga. Elle adore notre voyage malheureusement ils
mettent cap au sud. On bavarde quelques minutes. Une tape dans la main pour se
souhaiter bon vent, et des coups de klaxon pour souder la rencontre.
Retour à la case départ. Il y a bien cette belle Jaguar
aubergine, qui relève presque du defi. Imagine, de l'autostop en Jaguar ? C'est
la classe non ? Allez, on tente ! Chou blanc...
Toujours personne sur l’autoroute. Si à 14h on n'est pas
parties, on trouve un moyen d'aller à la gare routière et on prend le bus...
Enfin, ce serait un échec quand même. 2h écoulées, encore une heure avant de
baisser les bras...
Je dessine un visage triste sur mon pouce gauche. Exactement
au même moment Aurélie trouve une adorable famille anglo-polonaise qui passe ses
vacances dans les pays baltes. Une belle rencontre, au bord de la route. On
parle de tout : de la vie en Pologne, de leurs vacances en transit Étienne, de
l'immigration en France, de l'ex union soviétique, de voyages... Les kilomètres
s'égrènent, les minutes défilent. Bientôt le panneau "Lettonie". Nous
y sommes!! Enfin, Riga.
De sauts de puce en coups de pouce, nous voilà à
mi-parcours. L'idée d'arriver au bout semble de moins en moins farfelue. La
curiosité des gens que nous rencontrons et l'étincelle dans leurs yeux
lorsqu'on raconte notre épopée nous fait dire qu'elle réserve encore de belles
surprises. Qu'importe le chemin, qu'importe la durée. Chaque minute est unique
et nous les savourons.
Il est temps de partir à la découverte de l'intrépide Riga.
La vieille ville n'a peut-être pas le cachet de Vilnius mais son quartier Art
Nouveau m'intrigue. Chaque jour son mot de découvertes. J'ai déjà hâte d'être
demain...
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