L’appel du sud se fait sentir alors même que la grisaille de l’automne tombe doucement sur Paris.
L’histoire d’Essaouira commence au XIVèm siècle, lorsque les marins portugais transforment la cité en un important comptoir commercial. En 1764, le sultan Mohammed ben Abdellah décide d'installer à Essaouira sa base navale, d'où les corsaires iront punir les habitants d'Agadir en révolte contre son autorité. Il fait appel à Théodore Cornut, un architecte français à la solde des Britanniques de Gibraltar. Le sultan le reçoit avec tous les honneurs dus à un grand artiste et lui confie la réalisation de la nouvelle ville « au milieu du sable et du vent, là où il n'y avait rien ». Cornut l'Avignonnais, disciple de Vauban travailla trois ans à édifier le port et la kasbah. Mais le sultan remercie le français sans ménagement, lui reprochant d’être trop cher et à la botte des anglais !
Envoûtante Essaouira… La belle pousse à la paresse. Il fait bon languir dans ses ruelles et s’arrêter, quelques instants, pour voir le soleil décliner. Le corset de murailles qui l’entoure fait barrière à l’océan. Plus loin, le port et la criée. Des myriades de petites embarcations mouillent dans la rade. Les chaluts et autres sardiniers viennent déverser les tonnes de poissons qui seront ensuite exportées vers Agadir puis vers l’Europe. La course contre le montre est lancée, la glace fera le reste. Sur le port, les petits pêcheurs exposent leurs prises à la vue des passants, acheteurs ou badauds. Congres, dorades, rougets, quelques requins et des murènes (oh surprise !) vêtues de leur tenue léopard….
A 180 kilomètres de Marrakech, au bout d’une ligne droite souvent aride en direction de l’océan Atlantique, elle apparaît tout d’un coup en contrebas. Elle semble bâtie sur une presqu’île rocheuse, coupée du temps et du monde. Seule face à la mer, elle soumise à ces rouleaux qui viennent sans cesse la caresser ou la gifler. La Médina, blanche et solide, émerge derrière ses remparts.
En ce matin d’octobre, le soleil réchauffe doucement les maisons de chaux blanche et les volets bleus. La ville sort de sa torpeur, mais ne s’animera pleinement qu’en fin d’après midi, comme ses consœurs méridionales. Le tourisme fait son œuvre et les commerçants s’activent pour leurs vendre mille merveilles. On se perd dans les dédales de ruelles, qui mènent toujours, presque malgré eux, sur les deux axes principaux qui sillonnent la ville. Sur les hauteurs de la cité, le long de la muraille qui les séparent de l’océan, les maisons arborent de superbes portes sculptées, peintes ou recouvertes de zelliges étourdissants. Nous voilà loin du brouhaha, loin de la foule. A quelques encablures de là, une porte entrouverte laisse découvrir une cour intérieure, un havre de paix, un riad.
Au crépuscule, on accourt pour voir le soleil se coucher au
travers des remparts. Demain, il en fera autant, c’est ainsi depuis une
éternité et rien ne semble vraiment avoir bougé. Il y a pourtant tant de
mystères. Si les pierres pouvaient parler, elles seraient sûrement loquaces…