jeudi 11 octobre 2012

Essaouira, l'appel du large

L’appel du sud se fait sentir alors même que la grisaille de l’automne tombe doucement sur Paris.
L’histoire d’Essaouira commence au XIVèm siècle, lorsque les marins portugais transforment la cité en un important comptoir commercial. En 1764, le sultan Mohammed ben Abdellah décide d'installer à Essaouira sa base navale, d'où les corsaires iront punir les habitants d'Agadir en révolte contre son autorité. Il fait appel à Théodore Cornut, un architecte français à la solde des Britanniques de Gibraltar. Le sultan le reçoit avec tous les honneurs dus à un grand artiste et lui confie la réalisation de la nouvelle ville « au milieu du sable et du vent, là où il n'y avait rien ». Cornut l'Avignonnais, disciple de Vauban travailla trois ans à édifier le port et la kasbah. Mais le sultan remercie le français sans ménagement, lui reprochant d’être trop cher et à la botte des anglais !





 Envoûtante Essaouira… La belle pousse à la paresse. Il fait bon languir dans ses ruelles et s’arrêter, quelques instants, pour voir le soleil décliner. Le corset de murailles qui l’entoure fait barrière à l’océan. Plus loin, le port et la criée. Des myriades de petites embarcations mouillent dans la rade. Les chaluts et autres sardiniers viennent déverser les tonnes de poissons qui seront ensuite exportées vers Agadir puis vers l’Europe. La course contre le montre est lancée, la glace fera le reste. Sur le port, les petits pêcheurs exposent leurs prises à la vue des passants, acheteurs ou badauds. Congres, dorades, rougets, quelques requins et des murènes (oh surprise !) vêtues de leur tenue léopard….









A 180 kilomètres de Marrakech, au bout d’une ligne droite souvent aride en direction de l’océan Atlantique, elle apparaît tout d’un coup en contrebas. Elle semble bâtie sur une presqu’île rocheuse, coupée du temps et du monde. Seule face à la mer, elle soumise à ces rouleaux qui viennent sans cesse la caresser ou la gifler. La Médina, blanche et solide, émerge derrière ses remparts. 



En ce matin d’octobre, le soleil réchauffe doucement les maisons de chaux blanche et les volets bleus. La ville sort de sa torpeur, mais ne s’animera pleinement qu’en fin d’après midi, comme ses consœurs méridionales. Le tourisme fait son œuvre et les commerçants s’activent pour leurs vendre mille merveilles. On se perd dans les dédales de ruelles, qui mènent toujours, presque malgré eux, sur les deux axes principaux qui sillonnent la ville. Sur les hauteurs de la cité, le long de la muraille qui les séparent de l’océan, les maisons arborent de superbes portes sculptées, peintes ou recouvertes de zelliges étourdissants. Nous voilà loin du brouhaha, loin de la foule. A quelques encablures de là, une porte entrouverte laisse découvrir une cour intérieure, un havre de paix, un riad.




Au crépuscule, on accourt pour voir le soleil se coucher au travers des remparts. Demain, il en fera autant, c’est ainsi depuis une éternité et rien ne semble vraiment avoir bougé. Il y a pourtant tant de mystères. Si les pierres pouvaient parler, elles seraient sûrement loquaces…





Marrakech, le charme n'opère toujours pas...

Un an après, me voilà de retour dans la vrombissante Marrakech. le charme peine à opérer.
Une visite à la Medersa Ben Youssef suffirait presque à me réconcilier avec cette oppressante cité, paradis artificiel de touristes en mal de dépaysement...

Medersa Ben Youssef

Bienvenue chez moi



Des histoires de tapis...


Un voyage entre Marine...

Jardins Majorelle, une pure merveille...




Fès, Impériale et impétueuse

Parties à l'aube le 2 octobre, nos deux Marine s'envolaient pour Fes, la cité impériale. 

Déambuler dans les ruelles tortueuses de l’une des plus vieilles cités du Maroc éveille en nous à la fois surprises et frissons. Nous découvrons un artisanat riche et varié, des savoirs faire ancestraux qui frôlent le génie. Des pièces sombres d’où les copeaux des ébénistes émanent, en toute modestie, et donnent naissance à des pièces uniques. Plus loin, la main de l’homme sculpte et tombe le métal pour transformer des pièces brutes en arabesques, qui dans une seule danse, habilleront le portail d’un riad. Les céramistes offrent à la matière les couleurs qui lui manquent. Les cuisinières et maîtresses de maison feront vivre ces plats pour faire naître le plaisir de leurs invités par une cuisine exquise.

Tours et détours dans la médina. On s’y perd avec plaisir. Les épices succèdent aux étals de fruits et légumes. Plus loin, nous traversons le quartiers de bouchers. Nos deux  aventurières de bac à sable frôlent le mal-être (ou la malaise) à la vue des innombrables pieds de bœufs qui pendouillent dans les étals des bouchers. Panses de brebis, tripes et autres abats s'exposent au soleil dans les ruelles de la Médina…


Bientôt nous arrivons dans le quartier des tanneurs. Les rabateurs attendent patiemment les touristes pour les pousser vers leurs échoppes. « Rien acheter, juste plaisir des yeux ». Et nous voilà embarquées sur la terrasse d’une boutique pour observer le travail des tanneurs. La tannerie, une activité ancestrale au Maroc, dont Chouara est l’un des emblèmes. L’activité est cependant en perte de vitesse, car les tanneries modernes préfèrent les produits chimiques. Des substances plus efficaces mais bien plus polluantes, qui sont trop souvent déversées dans les rivières sans autre forme de traitement… Le fleuve Sébou fait office de déversoir pour les déchets industriels et domestiques de la ville de Fès. Un vaste programme d’assainissement a été lancé, mais le chemin à parcourir est encore long.

Les peaux, portées à dos d’âne dans ce souk, sont tout d’abord plongées quelques jours dans des cuves remplies de chaux, de fiente de pigeon et d’ammoniac pour les nettoyer. Elles sont ensuite transférées dans les bacs de teinture où les artisans les foulent à pieds nus tous les jours de 6H à 14h30. Au mieux, ce sont des produits naturels qui sont exclusivement utilisés pour la teinture : le coquelicot pour la teinture rouge, la menthe pour le vert, l’indigo pour le bleu, le khôl pour le noir, le henné pour le orange, un mélange d’huile et de grenadier, parfois du safran, pour le jaune. Les peaux ainsi préparées pendant une semaine, sont ensuite rincées et assouplies pendant une journée au moyen d’une machine en bois dans laquelle on les fait tourner. Le savoir-faire de l’artisan transformera ensuite les peaux en babouches, sacs à main ou vestes de cuir.







Notre visite de la ville se poursuit. Déambulations fassies. Les souks, les médersas. Un peu plus loin, une mosquée et des fontaines. Bois, stucks, portes, zelliges, les couleurs et les motifs se mélangent. Nous sommes plongées dans une autre époque, où le temps semble s’être arrêté. Pas de voitures, pas de camions, pas d’écrans géant ni de signalisation. Une parenthèse surprenante dans une époque difficile à définir. Fès envoûte  Fès fascine, mais Fès laisse songeur sur sa capacité à s’adapter aux défis modernes.  Il n'y a toujours pas l'eau courante dans le quartier de la Qasbah, mais comment l'introduire, alors même que rien n'est prévu pour? Les bâtissent pâtissent du manque d’entretien et ne tiennent que grâce au soutien d’étais de bois… Quelle avenir pour la belle cité fassie?








la femme mystère...



Quelques buzeries pour la route ?! Moments choisis:
·         Se faire percuter  par un mulet, chargé ... de peaux de mouton puantes, destinées à la tannerie voisine! Bâptème  "made in morocco". Autant dire qu'on nous suit à l'odeur!! Gare également aux détritus et autres élémetns non identifiés qui jonchent les rues. Et schplaff, Marine F. met le pied dans la boue, en sandalettes bien sur!
·         Dans le chapitre "Marine et Marine achètent des tapis" (la suite de l'épopée turkmène). Qui achète un tapis le 1er jour, et va devoir le porter pendant les 10 prochains? Marine et Marine, bien sur!! Nos sacs à dos sont déjà bien lourds, mais on assume (enfin, presque!)
·         Voyager en train de nuit, de Fès à Marrakesh, et élire domicile sur la terrase d’un hôtel, avant de poursuivre une demi-nuit en train sans couchette. Et prendre des photos classées « secret-défense », qu’on regardera en riant dans quelques années, en pensant « on l’a fait ! »

Maroc, voyage au pays du soleil couchant


"Le pittoresque abonde ici. A chaque pas, il y a des tableaux tout faits qui feraient la fortune et la gloire de vingt générations de peintres .C'est un lieu fait pour les peintres : le beau y abonde, non le beau si vanté dans les tableaux à la mode, mais quelque chose de plus simple, de plus primitif, de moins fardé."
Delacroix, Journal, 1831


L’Orient rythme l’imaginaire de nombreux voyageurs. Et puis le voilà, accessible, à seulement 3h de Paris. Si peu de distance pour tellement de distance. Le Maroc incarne toutes les séductions de l’Orient. Depuis toujours, les artistes occidentaux lui confèrent une fascination romanesque.  Matisse, Jaques Majorelle ou encore Delacroix. Ils y trouvent un répertoire inépuisable de formes et de couleurs, qui sauront embraser leurs œuvres avec passion.
Laissant vagabonder mon esprit, j’imaginais de vastes étendues désertiques, des oasis bordés de brebis, des patchworks de tapis colorés, des cités impériales et des médinas pluriséculaires. Les montagnes d’épices venaient rejoindre le panthéon des plantes médicinales inscrites dans la pharmacopée marocaine. Il faut dire que je trichais un peu, j’y avais déjà mis les pieds, en mai dernier. Cette fois-ci, ce sera différent, comme toujours. Un crapahutage plus long, en compagnie de mon homonyme et comparse indéfectible du TKM.

En route, de nombreuses aventures nous attendent…