vendredi 23 janvier 2015

[Chapitre 18] Fin du voyage

Toutes les bonnes choses ont une fin. Apres 25 jours de crapahutage en Amérique Latine, il est temps de regagner la froidure et la grisaille parisienne...

Un dernier saut a Bogota, le temps d'acheter une cargaison de fruits pour prolonger encore un peu l'exotisme... Puis il sera temps de rentrer au bercail.

Dans tous les bons romans, il y a une post-face avec quelques remerciements. 
La liste est longue tant ce voyage a ete rempli de belles rencontres. En tête de liste, Ana Maria, Abel et Sofia, ainsi que leurs parents avec qui j'ai partagé d'excellents moments. Ajoutons la famille avec qui j'ai découvert une part de culture. Mention speciale a Marianna et ses parents, Juan Paulo, Alejandra et Victoria qui furent mes guides dans Bogota. Il y a aussi les visages croises sur le.chemin...

Merci a Aurelie qui a réservé mes hotels alors que j'avais perdu ma carte bancaire!


Un petit mot également a mes fidèles lecteurs qui m'ont fait part de leurs retours enthousiastes sur la nature de ces récits.
Il me reste a clôturer ce carnet de voyage, même s'il y aurait encore de nombreuses anecdotes a vous compter. Je les garde pour les longues soirées d'hiver, au coin du feu...

Hasta Lueguo comme on dit par ici,

[Chapitre 17] Encore quelques anecdotes pour la route?

Toutes les anecdotes ne se prêtaient pas à un article. Cependant, avant de clôturer ce carnet de voyage, laissez-moi vous compter quelques dernières buzeries (ou Marinades)... Pour la route (et sans chronologie)!

   - Amazonie. Les repas sont pris en charge par le Lodge. Craignant un peu sur la qualité, j'ai pris soin d'acheter à l'avance un paquet d'excellent cookies, que j'ai attaqué dans l'interminable trajet en bus. Jour 2, je me leve et prise d'une petite gourmandise, je grignote un de ces délicieux biscuits. Dommage, ils sont éventés, mais restent toujours aussi bons. Je vaque à mes occupations, puis une idée me traverse l'esprit. A Singapour, j'avais appris à ne rien laisser a l'air libre, au risque que les fourmis viennent s'accaparer la nourriture des hommes. Je retourne jeter un œil à mes gâteaux, comme si j'avais besoin d'en avoir le cœur net... Effectivement, ici aussi. Elles grouillent dans le paquet et transportent de grosses miettes en file continue vers la fenêtre. Beurk... Allez, c'est des protéines! Brossage de dents immédiat. Re-beurk!

   - Bogota, matinée de découverte autonome de la ville avec Ken, le sino-américain rencontré la veille à mon hostel. C'est mon dernier jour et j'ai bien l'intention de goûter à tous les fruits que je trouve sur mon passage. Voilà un petit vendeur ambulant de fruits orange en forme de petite poire. Je le questionne  et il me propose d'y goûter. Il le coupe en deux et le couvre de miel. Soit. Je croque dans ce nouveau fruit sans imaginer quel gout il peut avoir. Arf...Beurk... Il est farineux et a comme une saveur de courge. Toutes les découvertes ne sont pas bonnes à faire!



   - Bogota, 17/01, j'ai 8 heures d'attente de l'aéroport. J'ai prévu de me lancer en quête de fruits exotiques à ramener en France. Juan Paulo, mon adorable guide de Bogota, m'a donné l'adresse d'une halle aux fruits quelque part dans la ville. J'ai pris un sac de voyage pour porter l'ensemble. Je n'avais seulement pas prévu que je tomberai sur une vendeuse bouillonnante d'énergie. Mon espagnol ne suffit pas à expliquer que je veux un échantillon de chaque, 2-3 pièces. Me voilà chargée de près de 10kg de fruits. Comment vais-je les porter? Je me pose actuellement la question...



   - Forêt Amazonienne. Nous rentrons d'une journée de découverte. La nuit commence à tomber. Je rentre dans ma chambre pour enfiler des vêtements propres. Petite inspection des murs à la lampe torche, puis du lit. Horreur. Effroi. Une énorme grenouille se prélasse sur mon pyjama, posé sur le lit. Beurk... J'appelle Fabrizio, notre guide. La petite bête n'est pas méchante. Mais comme on dit, chacun chez soi!et en l’occurrence, le pyjama c'est MON territoire!

   - Bogota, première soirée avec Juan Paulo et Alejandra. Nous prenons le taxi pour rentrer se reposer une petite heure à l'hostel. Nous hélons un taxi dans le centre-ville. La ville est assez accidentée, et se construit autour de collines. Par conséquent, certaines rues sont assez pentues. Notre taxi s'élance sur un grand axe. A mi cote, le moteur s'essouffle et le véhicule calle. Frein à main, première, moteur. Rien. Nouvelle tentative. Echec. Nous voilà donc en roue libre, en marche arrière, sur un grand axe. Pas de problème, que des solutions! Nous empruntons donc un autre itinéraire, aux pentes moins raides. Nous croisons les doigts pour que la voiture arrive à bon port. Apres quelques craintes, nous y sommes... Ouf!


[Chapitre 16] Suis-je encore une backpackeuse?

La grande famille des backpackeurs... Je l'ai rejoint en 2009, accompagnée d'Aurèlie. C'était sur les routes indiennes, nous avions 21 ans. Nous avions acheté notre sac à dos et les accessoires nécessaires à "l'adoubement" pour pénétrer la communauté des voyageurs au sac à dos. Nous répondions alors à tous les critères requis : étudiantes, sans attache, fauchées (ou presque!), a la recherche de découvertes et de vagabondages à travers le sous-continent indien.

Depuis, la donne a progressivement changée. Je retrouve au campement quelques exemplaires de cette espèce. 2 canadiens, un australien, 2 américaines et 2 allemandes. Sac à dos, tongues, le verbe haut, l'anglais parfait. Cocktail rhum coca, parties de carte jusqu'au bout de la nuit. Etudiants ou jeunes diplômés, ils visitent le monde, accumulent les tampons sur leur passeports, font des rencontres dans leurs hostels, pour une visite, une soirée, une nuit ou plus. Ils ont "fait" le Laos, le Cambodge, la Thaïlande, le Pérou et la Bolivie. Ils ont dormi dans des hotels à 10 dollars la nuit et ont traversé le pays en bus.

Je les regarde rire et parler fort. Et puis soudain je m'interroge. Suis-je encore de cette espèce?

J'ai maintenant des vacances minutées, conditionnées par ma vie professionnelle. Un pouvoir d'achat suffisant, mais je continue à fréquenter avec plaisir les hostels et a réserver des nuitées en dortoir. Pourtant je sens que quelque chose à changer. Mais quoi?
A force de réflexion, je me dis que je suis probablement devenue plus exigeante. Non pas sur le confort, je supporte encore les douches froides et trajets en bus de nuit! Mais j'ai quand même opté pour le taxi plutôt que la navette pour aller à Orly, c'est un signe!
Je suis devenue plus exigeante sur la qualité humaine et culturelle du pays, sur la nature des rencontres et ce qu'elles peuvent m'apporter. Je suis attirée par des destinations plus sauvages, plus insolites, plus rigoureuses, plus inaccessibles peut-être. 
A ce moment, mes comparses de voyage ne répondent pas à mes attentes...

Il y a pourtant Diego et Julia. Il est colombien, elle est polonaise. Ils se sont rencontres à la London School of Economics, rien que cela! Il travaille dans un camp de refugies colombiens en Equateur, elle s'envolera prochainement pour Nairobi, au Kenya où elle rejoindra une ONG. Il devrait lui emboiter le pas, ils parlent de mariage. Visiblement ils ne se sentent pas proches non plus de compagnons d'expédition. Nous parlons longuement de la Colombie, de l'Asie Centrale, des questions d'éducation, de l'attentat contre Charli Hebdo.



Aéroport de Lago Agrio. Je lis connaissance avec 4 voyageurs qui attendent eux aussi le vol pour Quito. Erik et sa femme, la trentaine tous les deux, sont canadiens et habitent à New York. Short en lin beige et chemise turquoise, cheveux bruns et teint bronzé, il est ambassadeur du Canada, à New York. Il a voyagé à travers le monde, jusqu'au Pakistan et en Corée du Nord. Le Turkménistan l'intrigue depuis toujours, il s'est promis d'y mettre les pieds un jour. Il briguerait bien un poste de diplomate à Kaboul, sa femme préfèrerait Paris. Ses récits et sa prestance sont envoutants, et puis soyons honnêtes, il est vraiment bel homme.
Mais tout ça c'était avant. Avant qu'il ne rencontre sa superficielle épouse qui ne jure que par les hôtels de luxe et les circuits organise. Je me demande bien ce qu'il peut lui trouver, elle n'est même pas jolie... Le séjour en Amazonie a été une torture. Pas d'eau chaude, électricité de 19 à 22 heures seulement. Pour le sèche-cheveux et l'IPad, c'est rigoureusement incompatible! Elle n'avait même pas été prévenue qu'il fallait une lampe torche, heureusement qu'elle avait son IPhone!


Visiblement, je reste encore une backpackeuse dans l'âme. Je suis même dans cet aéroport par accident. Si je m'étais écoutée, j'aurais sauté dans le premier bus local à destination de Quito. Ce sera pour une prochaine fois. A ce moment-là, ça manque un peu d'aventure et d'inconfort à mon goût!

Décidément, ce voyage est diffèrent de tout ce que j'ai pu vivre jusqu'à maintenant. Pour la première fois je visite des gens plus qu'un pays, je me laisse porter par le programme qu'ils m'ont concocté. Parfois je ronge mon frein pour me plier à cette organisation qui n'est pas mienne. J'ai énormément appris sur la culture et la société des deux pays que j'ai découverts durant ces 25 jours de voyage.
Il faudrait pouvoir poursuivre la découverte sur des chemins moins balisés, partir à l'assaut du pays par des biais détournés.

Je songe sérieusement à remettre les pieds en Colombie armée de mon sac à dos, mon couteau et mon drap de soie. Ce pays a d'incroyables trésors à découvrir : un trek de 5jours jusqu'à la cité perdue (cité Inca accessible après une marche de plusieurs jours), des plages paradisiaques dans l'archipel de San Andres, un désert inaccessible surplombant la mer, un site inca à San Augustin, des villes coloniales parfaitement préservées, des randonnées vers les sommets enneiges, des dauphins roses en Amazonie, et bien sûr revoir les familles rencontrées sur place.


Ami lecteur, qui a lu où parcouru ces notes de voyage, peut-être as-tu été séduit par ce pays, du moins ai-je attisé ta curiosité. Es-tu prêt à enfiler ton sac à dos pour partir 3 semaines en Colombie?
Tu sais où me trouver...



[Chapitre 15] Chamanisme

Intriguant, fascinant, déroutant, peut-être un peu effrayant. Quoi qu'il en soit, le chamanisme questionne.

Le Chamane est lié aux esprits des anciens et à ceux de la nature, il communique avec eux. Il sait reconnaitre les bons et les mauvais esprits, sait chasser le mauvais œil. Il protège son village, éloigne le malin. Il guérit les hommes par les plantes et sait utiliser les forces de la nature.

Le Chamane tire son pouvoir de breuvages hallucinogènes qui lui permettent de rentrer en contact avec les esprits.
Lecteur, tu imagines peut être que tout cela n'est que supercherie? Cela repose avant tout sur la croyance qu'on y porte. Une chose est sûre, le Chamane est avant tout un garant de la tradition. Il fait le pont entre plusieurs mondes : les ancêtres, la nature et les hommes.
Il est un homme hautement respecté. Il a longuement étudié, pendant près de 15 ans. Il a bu des potions de plus en plus fortes. Il a reçu des visions qui lui ont ouvert les portes du savoir. Il a vu des animaux qu'il a ensuite chassés. Il porte autour du cou les trophées qui lui confèrent sa puissance.

Raphael, le chamane du village, revêt une longue robe bleue indigo. Il porte des amulettes sacrées : un collier de dents de cochon sauvage, un autre avec des graines, symbole du cycle de la vie, et des dents de pumas, signe de force et de puissance Il a chassé des nuits durant, loin du village, pour poursuivre les animaux de ses visions. 

Il porte sur la tête une superbe coiffe en plumes de Toucan, ainsi que des plumes du ramage turquoise d'un oiseau rare et difficile à attraper. Sur ces joues, il trace des dessins pour renforcer son pouvoir.
Son oncle avant lui était chamane du village. Parmi ses 8 enfants, un seul suit la formation nécessaire. Mais il devra travailler dur. Même avec acharnement, rien ne dit qu'il puisse réussir. Il faudra que les ancêtres l'acceptent.




Puis Raphael nous parlent des cérémonies. Elles répondent à une préparation minutieuse du corps et de l'esprit. 

La veille, chacun jeûne et se prépare à accueillir les anciens. Le soir, ils boivent trois gorgées du breuvage hallucinatoire préparé par le chamane. Tous ensembles, ils peuvent entrer en communication avec les esprits. Ils sont emportés par la musique et les danses rituelles, jusqu'à atteindre un état de transe. Ainsi la cérémonie assure-t-elle une fonction sociale et culturelle, celle de lier ensemble des membres de la communauté et de les resserrer autour de leur culture commune, partagée avec les ancêtres.

Cependant le chamane n'est pas omnipotent. Il soigne les maladies de la nature, celles que ses remèdes sont en mesure de traiter par des potions et des incantations. Pour les maladies.d'"Occidente", telles que les cancers par exemple, il s'en remet aux mains des médecins hospitaliers. Tradition et modernité cohabitent pour en tirer le meilleur.

Pourtant ces rituels sont directement menacés par l'occidentalisation et le déracinement des populations. Les Indiens Sionas s'accrochent à leurs traditions, conscients qu'elles sont le cœur de leur identité. Espérons que leur ancrage soit suffisamment puissant.


[Chapitre 14] Tourisme communaitaire

Cuyabano, 6000km2 classés "réserve naturelle". Je suis en territoire Sionas. Ces terres sont habitées par cette communauté depuis des siècles, en harmonie avec la nature, dans le respect des ancêtres et des générations futures. Cependant, un danger de taille les menace. Ces territoires de l'Oriente sont riches en or Noir, du pétrole qui coule à flot. Pour l'extraire, il faut rogner, encore et toujours, sur les terres Siona. Il faut déboiser, polluer, installer l'homme là où toujours la nature régnait en maître.

Pour préserver un environnement d'une incroyable diversité, mais également pour assurer la survie de la culture locale face aux assauts de la mondialisation, l'Equateur s'est positionné en pionnier du tourisme communautaire.
Cuyabeno ne compte pas moins de 580 espèces d'oiseaux recensées, sans parler des araignées et autres insectes ainsi que l'abondante flore. Lorsque les multinationales et les géants du pétrole ont voulu grignoter ces terres hautement convoitées, les populations ont œuvré auprès du gouvernement pour créer un espace préservé, ouvert à un tourisme mesuré et à la main des indigènes. C'est ainsi qu'ils ouvert des lodges dans lesquels travaillent des villageois, ont été formes pour être guide et faire découvrir leur environnements a des curieux du monde entier.
Les lodges sont eco-conçues afin de préserver l'environnement (recyclage de l'eau, électricité sur des plages horaires définies, consommation de produits locaux...). 


Nous sommes bien loin du tourisme communautaire que j'avais aperçu au Vietnam par exemple. Pas de vitrine type "Walt Disney" en costume d'époque et "vrai-faux" village reconstitué. Ici nous nous rendons dans un village pour apprendre à faire du pain au Yucca. Nous sommes reçus dans la hutte traditionnelle des visiteurs par Gloria. Elle habite le village, cultive un arpent de terre. Elle vit du tourisme et fait partager son savoir et ses traditions. Elle cuisine du pain au yucca pour sa famille, une fois par mois, comme elle va nous le montrer. Cependant, dans sa cuisine, elle a le gaz et l'électricité. Le village a même internet. Les sionas, comme d'autres peuples indigènes, jonglent entre tradition et modernité. Ils sont sur une corde fragile. Les plus jeunes vont à l'école en ville, s'occidentalisent, ne rentrent pas toujours au village. Des lors, comment concilier patrimoine et monde contemporain?


Notre visite se poursuit chez le Chaman. Je craignais un peu l'attraction touristique, la démonstration d'opérette. Non. Le cadre est clair : il s'agit d'un temps d'échange et de discussion autour du chamanisme, du cursus nécessaire, de son rôle, de ses outils...

Alors bien sûr, les 10 groupes qui visitaient Cuyabeno en même temps ont eu le droit au même circuit: baignade dans la lagune, marche nocturne, fabrication du pain au yucca, rencontre avec le chaman et observation des oiseaux à l'aube... Cependant, nous avons toujours eu le sentiment d'une visite exclusive, intimiste. Le rouleau compresseur du tourisme de masse n'est pas encore arrivé jusque-là. 


Les populations Sionas, mais plus généralement les indiens d'Equateur, sont pleinement conscients que les touristes sont une manne économique qui leur permet autant de vivre correctement que de se prémunir contre les avancées sauvages des chercheurs d'or noir. C'est aussi un moyen d'affirmer leur existence au monde entier, eux qui habitent si loin de tout...

Informations pratiques : 

Samona Lodge, 
Cuyabeno Reserve
55 USD / jour (transport assuré depuis Lago Agrio) 
Séjour de 3 a 6 jours, a réserver depuis Quito


















[Chapitre 12] Mortelle araignee

Nous débarquons sur les rives du fleuve Napo pour une marche de nuit. Objectif: observer l'incroyable faune qui peuple la foret.

Nous avons constamment sur nous une lampe torche, du répulsif à moustiques, de la crème solaire et de l'eau purifiée. Voilà qui constitue de kit de l'explorateur amazonien. Nous enfilons nos bottes, un haut à manches longues puis il nous reste à asperger de répulsif les zones découvertes. La torche allumée, nous descendons de la pirogue pour découvrir la faune nocturne.

A travers la nuit profonde, nous avançons dans la jungle. Les hurlements des oiseaux, le crissement des feuillages, nos pas dans la nuit...l'atmosphère est incroyable. 
Nous rencontrons successivement petite araignées venimeuses, scorpions phosphorescent, fourmis transportant des feuilles faisant deux fois leur taille, blattes... Ces petites bêtes sont loin d'être affectueuses, et nombre d'entre elles maitrisent la technique de l'empoisonnement. Sympa non?


La caravane que nous formons sur l'étroit sentier avance dans la foret. Soudain un cri. Anny, une américaine du groupe, hurle tant qu'elle peut. Agitation. Fabrizio, le guide, se précipite jusqu'à elle. A ce moment, nous ne savons pas ce qu'il se passe. Tout peut arriver. Une bête a sauté sur cette pauvre fille et s'est agrippée à ses fesses. Plus de peur que de mal. Il s'agit d'un grillon, le plus gros insecte de la jungle, près de 10 cm. Tout de même! Un bon fou rire plus tard nous reprenons la marche. Le guide nous avouera qu'il avait craint un instant qu'un serpent lui soir tombé dessus...

Il est 20:30, nous rentrons au camp. Maria, la cuisinière, nous a concocté un agréable diner. Soupe aux lentilles, poisson frit et riz. De quoi rassasier la troupe d'aventuriers.
Fabrizio nous présente le programme du lendemain. Nous avons rendez-vous dans un village voisin, à 12km de là. Il décroche la carte accrochée au mur pour localiser l'endroit.
Il laisse échapper un cri de surprise et s'immobiliser. Lentement, il pivote la carte vers nous. Une énorme araignée à l'abdomen dodu, se trouve à une poignée de centimètres de sa main. Il cesse tout mouvement. Les secondes sont interminables. Soudain la créature se met en mouvement. Fabrizio lâche immédiatement le cadre contenant la carte. Il tombe face contre terre et vient écraser l'arachnide. 
La pression retombe du même coup après un silence de plomb. Le guide nous explique qu'il s'agit d'une araignée Capuccino. Son venin, mortel, paralyse progressivement chaque muscle du corps jusqu'à entrainer la mort, dans un délai de 2:00. L'hôpital le plus proche est à 2 heures de pirogue et 1:30 de bus...


Apres quelques discussions autour d'un dernier café, nous regagnons nos chambres. Nous scrutons chaque centimètre carré de la pièce a la lampe torche afin de s'assurer qu'on ne partagera pas notre lit avec une charmante créature.

Je me glisse dans mon drap de soie. Ce sac de couchage ultra léger m'isole de ce monde hostile. Je rabats la moustiquaire puis le sommeil m'emporte sans tarder.



[Chapitre 11] Premiers pas en Amazonie

15 Janvier 2015 - Quelque part en Amazonie, au nord-est de l'Oriente.

J'ai quitté Quito il y a 14 heures maintenant. Récit d'une épopée haute en couleur.

23:00, je monte dans le bus pour Lago Agrio. 

Pendant 8 heures, nous allons avaler les sommets, grimper a près de 4000metres, rouler à travers des paysages escarpés, surement grandiose, que la nuit a englouti.

1:18, je suis réveillée par la pression de l'altitude dans mes tympans. Nous n'aurons cesse de monter et descendre jusqu'à 4:45 du matin, dernière fois que je regarde la pendule. Mes oreilles me font horriblement souffrir. Mon organisme n'est décidément pas habitué à ces conditions extrêmes. Je sens chaque variation de pression, positive ou négative. Chacune vient frapper plus fort encore mes oreilles. Je n'ose même plus forcer la décompression tant la douleur est puissante. Entre deux sommets, je m'assoupie...

6:15, arrivée à Lago Agrio. Nous sommes une poignée de Gringos à attendre le prochain bus. Autant de corps inertes assommés par le trajet. 3 heures à attendre, las, échoues sur la terrasse d'un troquet sans amé.

Enfin un autre bus nous emmène plus profondément dans le foret. Nous traversons des villes sorties de nulle part, des villages dortoirs des travailleurs du pétrole.

La valse du véhicule finit par m'endormir.

Dernier tronçon du trajet. Il nous reste deux heures de pirogue pour atteindre le campement. Nous naviguons sur le Rio Napo.





Epopée boueuse à la recherche d'un anaconda

Anaconda





La réserve du Cuyabeno s'enfonce aux confins de l'Amazonie, près des frontières péruviennes et colombiennes.
Nous avançons dans les méandres d'un fleuve boueux. Nous apercevons les premiers signes de l'incroyable diversité qu'offre la nature : singes, papillons de toutes les couleurs, tortues aux reflets moirés de bleu, oiseaux...


Hoazin huppé. Il est considéré comme l'oiseau moderne le plus ancien encore existant : plus de 18 millions d'années



Enfin nous arrivons au campement. De jolies cahutes au toit de palme encerclent une salle de repos. Je suis alors confortablement installée dans un hamac pour vous conter cette incroyable épopée à travers l'Amazonie...


Quito

[En cours de construction]







La Mitad del Mundo (le Centre du monde)





[Chapitre 10] A près de 4000 mètres...

Quito, vendredi 09 janvier 2015.

Je pose les pieds sur le sol de la seconde plus haute capitale du monde, Quito, perchée à 2850m d'altitude. J'y retrouve Sofia, camarade de Master de retour dans sa ville natale après un séjour à Paris.
L'aventure reprend. Nouveau pays, nouveau climat, nouvelle devise (moyennement exotique, ici le dollar fait foi depuis 15 ans). En route pour de nouvelles épopées à travers les Andes.

La Cordillère, j'en rêve depuis des années. Depuis que je me suis prise d'intérêt pour la tumultueuse histoire de la construction du canal de Panama, il y a de cela presque 15 ans... Quand la petite histoire rencontre la grande... Lorsque la petite Marine pénétrait dans une librairie hors d’âge à Tréguier, en Bretagne, et qu'elle feuilletait journaux anciens et livres anciens. Elle allait plonger le nez dans un bouquin poussiéreux relatant la fabuleuse épopée de la famille de Leceps, ingénieurs virtuoses du canal de Suez. L'aventure familiale essuiera néanmoins un redoutable échec à Panama, alors entre les mains de la Colombie. La malaria décime les ouvriers, les sols sont inadaptés aux techniques qui ont pourtant effectué des prouesses en Egypte. Les scandales politico-financiers finissent d'achever l'ambition française. Finalement les américains reprendront le chantier. A l'aide d'autres techniques, sur une autre zone, et en ayant connaissance des causes du paludisme, ils construiront l'un des plus importants ouvrage d'art au monde... Ainsi, j'avais commencé à tisser la trame du rêve qui me liait aux paysages andins.
Il y a aussi les Incas, les indiens quechuas, rendez-vous en terre inconnue, Tintin, les lamas, la coca, la patchamama... Autant de représentations qui alimentent l'imagination.
Cette fois, j'y suis...

Samedi matin, les parents de Sofia nous attendent. Direction le sud de Quito : La laguna de Quilotoa puis Baños.
De part et d'autre de la route s'élèvent des crêtes sculptées dans la montagne, plus hautes les unes que les autres. Un relief déchiré mais verdoyant, fascinant et envoutant. Le Cotopaxi joue à cachecache derrière les nuages. Il ne daigne pas pointer le bout de son nez, ni même esquisser les formes de sa silhouette pourtant parfaite.

Les montagnes alentour se couvrent d'un patchwork de cultures étagées.




Nous bifurquons, direction le Quilotoa. Nous prenons de l'altitude. La végétation change distinctement. Nous venons de passer la barre des 3200 mètres. Nous continuons à nous élever, toujours plus haut. 
J'aperçois les premiers indigènes quechuas. Les traits cuivrés, les joues roses et les yeux ronds. De petits bouts de femme portent de superbes châles colorés, de petites chaussures à talons et surtout un magnifique chapeau de feutre surmonté d'une plume de paon. Depuis le pick-up de la famille Luna, j'ai l'impression de voyager dans un film, depuis mon canapé "tout confort". Le contraste est saisissant entre notre mode de vie et le leur...
Nous arrivons au Quilotoa. Nous voilà a près de 4000 mètres d'altitude. 


Dans un cratère entouré de crêtes plus hautes encore, repose un lac d'altitude. Le regard s'accroche à la corolle de falaise qui entoure la masse verte-turquoise qui recouvre la caldeira. Celui-ci est imposant tant par son immensité que par la couleur de ces eaux. D'une seconde a l'autre, la lumière change et les eaux passent du bleu nuit au turquoise intense, en passant par un dégradé de verts.







Nous descendons le long d'un chemin escarpé que des milliers de personnes ont foulé avant nous. Pourtant, à ce moment, la terre aurait pu s'arrêter de tourner. Nous serions restées là, à observer ce spectacle de la nature.
Nous devons maintenant remonter la pente descendue. J'allais commencer à ressentir les conséquences de cette expédition en altitude.
Le souffle court, le cœur battant, impossible de faire plus de 10 pas d'affilée. Chaque effort supplémentaire semble insurmontable. Enfin, nous arrivons au bout.


Mais ce n'est que le début des effets indésirables de l'altitude. Mon organisme allait me faire payer cher cette escapade vers les sommets andins. Les variations de pressions oppressent les vaisseaux sanguins, ma tête est prise dans un étau. Puis ce sont les oreilles. Les changements brutaux d'altitude me déclenchent une otite à l'oreille gauche. Elle s'accompagnera d'une double conjonctivite. L'air sec d'altitude n'arrange pas le mal de gorge que je traine depuis Salento...


Nous arrivons à la nuit tombée à Baños, cité thermale perchée à 1850m d'altitude et baignée de nuages. Dommage, il y a (parait-il) de superbes sommets alentours, notamment le volcan le plus actif du pays. Nous n'en verrons rien...
Le lendemain, nous partons a la découverte des cascades environnantes. La cascada El Diablo est accessible après 20 minutes de descente escarpée qu'il faudra bien sur remonter au retour! 

Agréable terrain de jeu, nous crapahutons autour et derrière cette immense masse d'eau, complètement trempées mais réjouies de profiter d'un tel paysage.

Baños est réputée pour ses activités de plein air : rafting, canopying, parapente balançoire dans le vide et sans harnais... Il y en a pour tous les goûts, et pour tous les niveaux d'adrénaline. Pour ma part, j'ai une confiance limitée dans la mise en conformité des infrastructures...




Balançoire sans filet...




Nous discutons de l'organisation de mon escapade en Amazonie, prévue le surlendemain. Les parents de Sofia sont inquiets de me savoir seule pour effectuer ce long voyage. Ils se plient en 4 pour étudier les meilleures alternatives et me trouver un séjour clé en main. Ils ne savent pas que l'aventurière qui sommeille en moi est en quête d'aventure et de rebondissements. Soit, je m'adapte. On va bien trouver un entre deux. Nous récupérons l'adresse d'une agence sérieuse et bien notée sur Tripadvisor. Pour l'heure, retour à Quito.

Je ne suis pas au meilleure de ma forme. Mes tympans sont toujours aussi sensibles. Il nous reste encore quelques sommets à grimper avant de regagner la capitale... En route!


[Chapitre 9] Sentir battre le coeur de Bogota

Bogota...

Cette ville donne des frissons. De loin, elle est terrifiante. Mafia, drogue, violences, insécurité... Portrait bien sombre d'une ville qui a pourtant plus à offrir.


J'ai rendez-vous avec Juan Paulo, un cousin d'Abel, avec qui j'ai passé une partie de la semaine en bord de mer à Coveñas. Malgré quelques difficultés pour nous contacter, rendez-vous est pris pour 14:00 en bas de mon hostel.
11:30, hostel La Pinta, quartier Nord de Bogota. Le chauffeur de taxi me dépose devant une façade quelconque, sans enseigne. L'endroit n'est pas très accueillant. Je pousse la porte. Bienvenue à La Pinta, hostel aux dortoirs cosis et dans lequel chacun fait sa vaisselle. Soit...


12:30. Le gars de la réception fournit des informations sur les immanquables de la ville a visiteur tout juste arrivé. Je m'y greffe et entame la discussion. Nous n'allions plus nous séparer pour les 36 prochaines heures (ou presque!).
C'est ainsi que j'allais parcourir la capitale colombienne en compagnie de Ken, sino-américain, de Juan Paulo et de sa copine Alejandra.

Apres un déjeuner pantagruélique pour 12000 pesos, soit environ 5€, nous prenons la direction du Musée Del Auro, comprenez musée de l'or. Incroyables vestiges d'une société lointaine, croyant trouver dans l'or le Dieu Soleil...





Pause bien méritée autour d’un chocolat chaud dans lequel faire fondre du fromage. Ça vous tente? I did it :)




21:00, Andres Carne de Res. Victoria, la cousine d'Abel, nous rejoint. Nous avions programmé cette petite virée il y a 10 jours, à Coveñas. Nous y voilà.

Impossible à décrire. A mi-chemin entre un bar, une boite de nuit et un parc d'attraction. Des créatures étranges, directement sorties d'une soirée Halloween chahutent les visiteurs. Elles n'ont cessé de dénouer le ruban de ma robe... Je vous passe le groupe de frappa-dingues porteurs de masques à oxygènes qui passent les clients au compteur Geiger (?) en rampant sur le sol!
Serrés à 4 à l'arrière du taxi









Au dernier étage, le purgatoire. On y danse la salsa, le reggae tone, le merringhe (?) et autres. Il fallait donc que je traverse la moitié de la planète pour passer une partie de la nuit en boite. Voilà qui devrait surprendre plus d'un lecteur!


Au retour, nous sautons dans un taxi, sous les conseils bienveillants de nos hôtes locaux. Il y a effectivement quelques précautions à prendre dans la déstabilisante Bogota. Mais les conseils avisés de mes guides nous permettent d'appréhender la ville sans encombre.

Le lendemain matin, nous poursuivons la visite, Ken et moi. Puis nous sommes rejoints par Juan Paulo et Alejandra. Ainsi nous feront ils visiter leurs coins préférés, leurs lieux de balades... 










Il est déjà temps pour moi de partir pour de nouvelles aventures. Direction Quito, Equateur.