vendredi 23 janvier 2015

[Chapitre 16] Suis-je encore une backpackeuse?

La grande famille des backpackeurs... Je l'ai rejoint en 2009, accompagnée d'Aurèlie. C'était sur les routes indiennes, nous avions 21 ans. Nous avions acheté notre sac à dos et les accessoires nécessaires à "l'adoubement" pour pénétrer la communauté des voyageurs au sac à dos. Nous répondions alors à tous les critères requis : étudiantes, sans attache, fauchées (ou presque!), a la recherche de découvertes et de vagabondages à travers le sous-continent indien.

Depuis, la donne a progressivement changée. Je retrouve au campement quelques exemplaires de cette espèce. 2 canadiens, un australien, 2 américaines et 2 allemandes. Sac à dos, tongues, le verbe haut, l'anglais parfait. Cocktail rhum coca, parties de carte jusqu'au bout de la nuit. Etudiants ou jeunes diplômés, ils visitent le monde, accumulent les tampons sur leur passeports, font des rencontres dans leurs hostels, pour une visite, une soirée, une nuit ou plus. Ils ont "fait" le Laos, le Cambodge, la Thaïlande, le Pérou et la Bolivie. Ils ont dormi dans des hotels à 10 dollars la nuit et ont traversé le pays en bus.

Je les regarde rire et parler fort. Et puis soudain je m'interroge. Suis-je encore de cette espèce?

J'ai maintenant des vacances minutées, conditionnées par ma vie professionnelle. Un pouvoir d'achat suffisant, mais je continue à fréquenter avec plaisir les hostels et a réserver des nuitées en dortoir. Pourtant je sens que quelque chose à changer. Mais quoi?
A force de réflexion, je me dis que je suis probablement devenue plus exigeante. Non pas sur le confort, je supporte encore les douches froides et trajets en bus de nuit! Mais j'ai quand même opté pour le taxi plutôt que la navette pour aller à Orly, c'est un signe!
Je suis devenue plus exigeante sur la qualité humaine et culturelle du pays, sur la nature des rencontres et ce qu'elles peuvent m'apporter. Je suis attirée par des destinations plus sauvages, plus insolites, plus rigoureuses, plus inaccessibles peut-être. 
A ce moment, mes comparses de voyage ne répondent pas à mes attentes...

Il y a pourtant Diego et Julia. Il est colombien, elle est polonaise. Ils se sont rencontres à la London School of Economics, rien que cela! Il travaille dans un camp de refugies colombiens en Equateur, elle s'envolera prochainement pour Nairobi, au Kenya où elle rejoindra une ONG. Il devrait lui emboiter le pas, ils parlent de mariage. Visiblement ils ne se sentent pas proches non plus de compagnons d'expédition. Nous parlons longuement de la Colombie, de l'Asie Centrale, des questions d'éducation, de l'attentat contre Charli Hebdo.



Aéroport de Lago Agrio. Je lis connaissance avec 4 voyageurs qui attendent eux aussi le vol pour Quito. Erik et sa femme, la trentaine tous les deux, sont canadiens et habitent à New York. Short en lin beige et chemise turquoise, cheveux bruns et teint bronzé, il est ambassadeur du Canada, à New York. Il a voyagé à travers le monde, jusqu'au Pakistan et en Corée du Nord. Le Turkménistan l'intrigue depuis toujours, il s'est promis d'y mettre les pieds un jour. Il briguerait bien un poste de diplomate à Kaboul, sa femme préfèrerait Paris. Ses récits et sa prestance sont envoutants, et puis soyons honnêtes, il est vraiment bel homme.
Mais tout ça c'était avant. Avant qu'il ne rencontre sa superficielle épouse qui ne jure que par les hôtels de luxe et les circuits organise. Je me demande bien ce qu'il peut lui trouver, elle n'est même pas jolie... Le séjour en Amazonie a été une torture. Pas d'eau chaude, électricité de 19 à 22 heures seulement. Pour le sèche-cheveux et l'IPad, c'est rigoureusement incompatible! Elle n'avait même pas été prévenue qu'il fallait une lampe torche, heureusement qu'elle avait son IPhone!


Visiblement, je reste encore une backpackeuse dans l'âme. Je suis même dans cet aéroport par accident. Si je m'étais écoutée, j'aurais sauté dans le premier bus local à destination de Quito. Ce sera pour une prochaine fois. A ce moment-là, ça manque un peu d'aventure et d'inconfort à mon goût!

Décidément, ce voyage est diffèrent de tout ce que j'ai pu vivre jusqu'à maintenant. Pour la première fois je visite des gens plus qu'un pays, je me laisse porter par le programme qu'ils m'ont concocté. Parfois je ronge mon frein pour me plier à cette organisation qui n'est pas mienne. J'ai énormément appris sur la culture et la société des deux pays que j'ai découverts durant ces 25 jours de voyage.
Il faudrait pouvoir poursuivre la découverte sur des chemins moins balisés, partir à l'assaut du pays par des biais détournés.

Je songe sérieusement à remettre les pieds en Colombie armée de mon sac à dos, mon couteau et mon drap de soie. Ce pays a d'incroyables trésors à découvrir : un trek de 5jours jusqu'à la cité perdue (cité Inca accessible après une marche de plusieurs jours), des plages paradisiaques dans l'archipel de San Andres, un désert inaccessible surplombant la mer, un site inca à San Augustin, des villes coloniales parfaitement préservées, des randonnées vers les sommets enneiges, des dauphins roses en Amazonie, et bien sûr revoir les familles rencontrées sur place.


Ami lecteur, qui a lu où parcouru ces notes de voyage, peut-être as-tu été séduit par ce pays, du moins ai-je attisé ta curiosité. Es-tu prêt à enfiler ton sac à dos pour partir 3 semaines en Colombie?
Tu sais où me trouver...



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