Cuyabano, 6000km2 classés "réserve naturelle". Je suis
en territoire Sionas. Ces terres sont habitées par cette communauté depuis des siècles,
en harmonie avec la nature, dans le respect des ancêtres et des générations
futures. Cependant, un danger de taille les menace. Ces territoires de
l'Oriente sont riches en or Noir, du pétrole qui coule à flot. Pour l'extraire,
il faut rogner, encore et toujours, sur les terres Siona. Il faut déboiser,
polluer, installer l'homme là où toujours la nature régnait en maître.
Pour préserver un environnement
d'une incroyable diversité, mais également pour assurer la survie de la culture
locale face aux assauts de la mondialisation, l'Equateur s'est positionné en
pionnier du tourisme communautaire.
Cuyabeno ne compte pas moins de
580 espèces d'oiseaux recensées, sans parler des araignées et autres insectes
ainsi que l'abondante flore. Lorsque les multinationales et les géants du pétrole
ont voulu grignoter ces terres hautement convoitées, les populations ont œuvré auprès
du gouvernement pour créer un espace préservé, ouvert à un tourisme mesuré et à
la main des indigènes. C'est ainsi qu'ils ouvert des lodges dans lesquels
travaillent des villageois, ont été formes pour être guide et faire découvrir
leur environnements a des curieux du monde entier.
Les lodges sont eco-conçues
afin de préserver l'environnement (recyclage de l'eau, électricité sur des
plages horaires définies, consommation de produits locaux...).
Nous sommes bien loin du tourisme communautaire que j'avais aperçu au Vietnam
par exemple. Pas de vitrine type "Walt Disney" en costume d'époque et
"vrai-faux" village reconstitué. Ici nous nous rendons dans un
village pour apprendre à faire du pain au Yucca. Nous sommes reçus dans la hutte
traditionnelle des visiteurs par Gloria. Elle habite le village, cultive un arpent
de terre. Elle vit du tourisme et fait partager son savoir et ses traditions.
Elle cuisine du pain au yucca pour sa famille, une fois par mois, comme elle va
nous le montrer. Cependant, dans sa cuisine, elle a le gaz et l'électricité. Le
village a même internet. Les sionas, comme d'autres peuples indigènes, jonglent
entre tradition et modernité. Ils sont sur une corde fragile. Les plus jeunes
vont à l'école en ville, s'occidentalisent, ne rentrent pas toujours au village.
Des lors, comment concilier patrimoine et monde contemporain?
Notre visite se poursuit chez
le Chaman. Je craignais un peu l'attraction touristique, la démonstration d'opérette.
Non. Le cadre est clair : il s'agit d'un temps d'échange et de discussion
autour du chamanisme, du cursus nécessaire, de son rôle, de ses outils...
Alors bien sûr, les 10 groupes
qui visitaient Cuyabeno en même temps ont eu le droit au même circuit: baignade
dans la lagune, marche nocturne, fabrication du pain au yucca, rencontre avec
le chaman et observation des oiseaux à l'aube... Cependant, nous avons toujours
eu le sentiment d'une visite exclusive, intimiste. Le rouleau compresseur du
tourisme de masse n'est pas encore arrivé jusque-là.
Les populations Sionas, mais plus généralement les indiens d'Equateur, sont
pleinement conscients que les touristes sont une manne économique qui leur
permet autant de vivre correctement que de se prémunir contre les avancées
sauvages des chercheurs d'or noir. C'est aussi un moyen d'affirmer leur existence
au monde entier, eux qui habitent si loin de tout...
Informations pratiques :
Samona Lodge,
Cuyabeno Reserve
55 USD / jour (transport assuré depuis Lago Agrio)
Séjour de 3 a 6 jours, a réserver depuis Quito
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