vendredi 23 janvier 2015

[Chapitre 10] A près de 4000 mètres...

Quito, vendredi 09 janvier 2015.

Je pose les pieds sur le sol de la seconde plus haute capitale du monde, Quito, perchée à 2850m d'altitude. J'y retrouve Sofia, camarade de Master de retour dans sa ville natale après un séjour à Paris.
L'aventure reprend. Nouveau pays, nouveau climat, nouvelle devise (moyennement exotique, ici le dollar fait foi depuis 15 ans). En route pour de nouvelles épopées à travers les Andes.

La Cordillère, j'en rêve depuis des années. Depuis que je me suis prise d'intérêt pour la tumultueuse histoire de la construction du canal de Panama, il y a de cela presque 15 ans... Quand la petite histoire rencontre la grande... Lorsque la petite Marine pénétrait dans une librairie hors d’âge à Tréguier, en Bretagne, et qu'elle feuilletait journaux anciens et livres anciens. Elle allait plonger le nez dans un bouquin poussiéreux relatant la fabuleuse épopée de la famille de Leceps, ingénieurs virtuoses du canal de Suez. L'aventure familiale essuiera néanmoins un redoutable échec à Panama, alors entre les mains de la Colombie. La malaria décime les ouvriers, les sols sont inadaptés aux techniques qui ont pourtant effectué des prouesses en Egypte. Les scandales politico-financiers finissent d'achever l'ambition française. Finalement les américains reprendront le chantier. A l'aide d'autres techniques, sur une autre zone, et en ayant connaissance des causes du paludisme, ils construiront l'un des plus importants ouvrage d'art au monde... Ainsi, j'avais commencé à tisser la trame du rêve qui me liait aux paysages andins.
Il y a aussi les Incas, les indiens quechuas, rendez-vous en terre inconnue, Tintin, les lamas, la coca, la patchamama... Autant de représentations qui alimentent l'imagination.
Cette fois, j'y suis...

Samedi matin, les parents de Sofia nous attendent. Direction le sud de Quito : La laguna de Quilotoa puis Baños.
De part et d'autre de la route s'élèvent des crêtes sculptées dans la montagne, plus hautes les unes que les autres. Un relief déchiré mais verdoyant, fascinant et envoutant. Le Cotopaxi joue à cachecache derrière les nuages. Il ne daigne pas pointer le bout de son nez, ni même esquisser les formes de sa silhouette pourtant parfaite.

Les montagnes alentour se couvrent d'un patchwork de cultures étagées.




Nous bifurquons, direction le Quilotoa. Nous prenons de l'altitude. La végétation change distinctement. Nous venons de passer la barre des 3200 mètres. Nous continuons à nous élever, toujours plus haut. 
J'aperçois les premiers indigènes quechuas. Les traits cuivrés, les joues roses et les yeux ronds. De petits bouts de femme portent de superbes châles colorés, de petites chaussures à talons et surtout un magnifique chapeau de feutre surmonté d'une plume de paon. Depuis le pick-up de la famille Luna, j'ai l'impression de voyager dans un film, depuis mon canapé "tout confort". Le contraste est saisissant entre notre mode de vie et le leur...
Nous arrivons au Quilotoa. Nous voilà a près de 4000 mètres d'altitude. 


Dans un cratère entouré de crêtes plus hautes encore, repose un lac d'altitude. Le regard s'accroche à la corolle de falaise qui entoure la masse verte-turquoise qui recouvre la caldeira. Celui-ci est imposant tant par son immensité que par la couleur de ces eaux. D'une seconde a l'autre, la lumière change et les eaux passent du bleu nuit au turquoise intense, en passant par un dégradé de verts.







Nous descendons le long d'un chemin escarpé que des milliers de personnes ont foulé avant nous. Pourtant, à ce moment, la terre aurait pu s'arrêter de tourner. Nous serions restées là, à observer ce spectacle de la nature.
Nous devons maintenant remonter la pente descendue. J'allais commencer à ressentir les conséquences de cette expédition en altitude.
Le souffle court, le cœur battant, impossible de faire plus de 10 pas d'affilée. Chaque effort supplémentaire semble insurmontable. Enfin, nous arrivons au bout.


Mais ce n'est que le début des effets indésirables de l'altitude. Mon organisme allait me faire payer cher cette escapade vers les sommets andins. Les variations de pressions oppressent les vaisseaux sanguins, ma tête est prise dans un étau. Puis ce sont les oreilles. Les changements brutaux d'altitude me déclenchent une otite à l'oreille gauche. Elle s'accompagnera d'une double conjonctivite. L'air sec d'altitude n'arrange pas le mal de gorge que je traine depuis Salento...


Nous arrivons à la nuit tombée à Baños, cité thermale perchée à 1850m d'altitude et baignée de nuages. Dommage, il y a (parait-il) de superbes sommets alentours, notamment le volcan le plus actif du pays. Nous n'en verrons rien...
Le lendemain, nous partons a la découverte des cascades environnantes. La cascada El Diablo est accessible après 20 minutes de descente escarpée qu'il faudra bien sur remonter au retour! 

Agréable terrain de jeu, nous crapahutons autour et derrière cette immense masse d'eau, complètement trempées mais réjouies de profiter d'un tel paysage.

Baños est réputée pour ses activités de plein air : rafting, canopying, parapente balançoire dans le vide et sans harnais... Il y en a pour tous les goûts, et pour tous les niveaux d'adrénaline. Pour ma part, j'ai une confiance limitée dans la mise en conformité des infrastructures...




Balançoire sans filet...




Nous discutons de l'organisation de mon escapade en Amazonie, prévue le surlendemain. Les parents de Sofia sont inquiets de me savoir seule pour effectuer ce long voyage. Ils se plient en 4 pour étudier les meilleures alternatives et me trouver un séjour clé en main. Ils ne savent pas que l'aventurière qui sommeille en moi est en quête d'aventure et de rebondissements. Soit, je m'adapte. On va bien trouver un entre deux. Nous récupérons l'adresse d'une agence sérieuse et bien notée sur Tripadvisor. Pour l'heure, retour à Quito.

Je ne suis pas au meilleure de ma forme. Mes tympans sont toujours aussi sensibles. Il nous reste encore quelques sommets à grimper avant de regagner la capitale... En route!


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