J'ai longtemps hésité sur le titre à donner à cet article.
Il aurait pu s'intituler "vis ma vie...dans une famille colombienne"
ou "Rendez-vous en terre inconnue... Chez les Villegas". Mais non,
parlons en toute simplicité.
Arrivée avec mes dix mots d'espagnol, j'aurais pu craindre
de me sentir seule parmi tous ces inconnus. C'était sans compter sur
l'hospitalité sans borne avec laquelle j'allais être accueillie. Il y en avait
pourtant des kilomètres entre eux et moi...
Me voilà donc fraichement (ou pas vu la température et les
heures de transport que je venais d'absorber) quelque part en Colombie. Loin de
tout. "Puerto xxx" (j'oublie toujours son nom), le bien nommé, littéralement "le. Port
perdu". Apres plus de 30 heures de trajet, me voilà au milieu des herbes
hautes, des cocotiers et des zébus. Me voilà surtout plongée au cœur de la
famille Vidas. Du coté maternelle d'Ana, pas moins de 11 frères et sœurs, tous
avec 2 ou 3 enfants. Ils n'étaient certes pas tous là, en cet après-midi de décembre,
mais il devait bien y avoir 25 oncles, tantes, et cousins-cousines. Autant de
visages et de prénoms à retenir. Harassée par ce voyage au bout du monde, un
peu intimidée par ces nouveaux visages, j'allais donc mettre les pieds dans une
famille Colombienne... Et puis tout s'enchaine, naturellement. Le repas avec la
famille. Gloria, la tante qui habite à New York, me présente la famille dans la
langue de Shakespeare. Juliana, la belle-sœur, m'embarque pour un virée à la
mer, en contre bas de l'hacienda, puis on se retrouve toutes dans la piscine
pour finir l'après-midi à bavarder, cocktail vodka-coco à la main. Les hommes
ont disparus, laissant leur moitié échanger bruyamment en pataugeant. Parce que
oui, avant tout, les femmes de la famille Villegas parlent fort, vite, et
toutes en même temps. Un flot dynamique-dynamites de paroles et d'émotions,
cocktail de larmes de joies, celles de se retrouver ensemble, dans la ferme du
bout du monde. Et ce n'est que le début...
Dans la famille Villegas, je demande la mère. Margarita, 63
ans, un caractère d'acier, une maitresse femme. La "Madre" supervise,
dirige, corrige, fait filer droit toute la tribu. Elle se plie en quatre, que
dis-je, en 8 et même plus, pour combler de bonheur toute la famille. Le cœur
sur la main, elle se démené pour ceux qu'elle aime. A côté, Raul, son mari
depuis 38 ans, incarne calme et réflexion. La tornade et la brise de fin de soirée
pour un doux équilibre.
27 décembre, après 3h de route, nous voilà à Coveñas. Bordée
de longues plages de sables fin, ombragée par les cocotiers, la petite cité
offre surtout la possibilité de louer des Cabanas, petites maisons au bord de
l'eau.
Quand Margarita a soumis l'idée a la familial, les cousins
ont tellement apprécié que tous ont décidé de s'ajouter cette transhumance côtière.
C'est ainsi que j'ai fait la connaissance d'autres cousins, cousines, oncles,
tantes... Mention spéciale a Adriana, Nelson, Marianna et Valeria, avec qui
j'ai partagé bien plus qu'une chambre pendant ce séjour.
Quand il y en a pour 6, il y en a pour 40. La maison est
trop petite? Qu'importe, on mange par roulement. A la plage, on agrandit le
cercle, on recule les chaises, on s'assied sur le sable, on se tasse pour être
tous ensemble et profiter de l'ambiance chaleureuse qui nous enveloppe. Et on
reste là, des heures durant, à discuter de tout et de rien, des enfants qui
grandissent, de ceux qui partent loin et qui toujours reviennent au bercail.
Alors voilà comment au lieu de rester 2 jours, puis 6, j'ai
finalement quitté la famille Villegas à l'aube du 8eme jour.
Bien sûr, j'ai souvent rien compris, j'avais régulièrement
un train de retard dans les conversations.
Mais malgré tout cela, j'avais l'impression d'avoir toujours été la, de
faire partie de la tribu.
C'est donc partagée entre la tristesse de les quitter,
l'espoir de les revoir à Paris ou ailleurs et l'excitation de partir pour de
nouvelles aventures que je me suis levée à 4:45 ce vendredi 2/01/2015,
direction Cartagena de Indias...