À peine nos sacs poses a l'hôtel, la tentation est trop forte. Nous nous engouffrons dans les ruelles étroites qui enserrent le bazar. A cette heure, l'activité bat son plein. Les artisans cisellent des plateaux en argent, d'autres dessinent des arabesques voluptueuses sur des assiettes bleues. Il y a aussi les miniaturistes, les marchands de tapis et autres commerçants aux étoffes colorées. Nous quittons les allées couvertes du bazar pour rejoindre la vaste place.
Le soleil arrose de ses derniers rayons les briques ocres de la place royale. Splendeur...
On ne rejoint pas Isfahan sans avoir rêvé pendant les trois heures de trajet aux discussions animées des caravansérails, à toutes les richesses matérielles et spirituelles que l'Orient et l'Occident ont pu échanger pendant plus de quinze siècles. Il faut s'être préparé à tant de splendeur. À cette orgie de couleurs et d'arabesques, au turquoise des coupoles qui semble défier l'émeraude et le lapis-lazuli des céramiques. Au labyrinthe des médersas, des mosquées, des bains, des harems et des mausolées dont les noms complexes se mêlent aux généalogies des différentes dynasties. La légende raconte que celui qui a vu Ispahan a vu la moitié du monde. La légende dit peut être vrai...
De hauts murs abritent des échoppes, formant une vaste place carrée. Au centre, on y trouve des jardins et des fontaines. De part et d'autre de la place, de hautes portes sont couvertes de céramiques bleues. Il y a aussi le palais Ali Qapu et ses plafonds de bois finement peints
Silence. La beauté des lieux est a couper le souffle.
Notre visite de la ville se poursuit dès le lendemain. Nous prenons la direction de la Mosquée du Sheikh Lotfollah surplombée d'un superbe dôme jaune aux arabesques délicates puis nous faisons route vers la mosquée du Vendredi au nord de la ville. Un vaste réseau de bazars serpente à l'ombre sous de hauts murs de brique . il permet de traverser la ville sans jamais mettre le nez dehors. Nous arrivons à la Mosquée du Vendredi. Construite sur 10 siècles, elle porte les traces d'autant de courants architecturaux différents. Au début de l'ère safavide (XVIème siècle), les céramiques bleues apparaissent en pointillés. Elles viennent habiller les constructions de briques, au décor harmonieux. Puis le bleu devient plus présent, plus intense. Les pigments de lapis-lazuli prennent leurs traits de noblesse. Les rayons du soleil, maintenant au zénith, viennent rehausser la splendeur des lieux.
Il est bientôt l'heure de regagner la maison de Ghazale, notre hôte d'Ispahan. Elle nous invite a déjeuner, avec son petit Navid de 4 mois seulement. Discrète, souriante, elle est d'une aide précieuse pour la préparation de notre séjour. Le lendemain soir, nous dormirons dans son vaste salon. Au dîner, nous récidivons l'opération "ratatouille". Un petit moment de France a partager avec Saïd son mari, sa tante et sa fille Bahar qui apprend le français. Ils viendront a Paris en août, si Dieu le veut!
Il y aurait encore beaucoup à dire sur cette ville, les rencontres que nous y avons fait et les trésors qu'elle recèle. Cette cité est incroyable et ne peut laisser le visiteur indifférent. Il est temps pourtant de tourner la page, de changer de chapitre. Nous partons pour de nouvelles aventures, direction Shiraz.
En fermant les yeux, les dessins délicats des céramiques bleues d'Ispahan continuent à habiter mes rêves. Il faudra revenir, certainement...