jeudi 28 mai 2015

[Chapitre 7] - Du vent dans les voiles

"C'est bon là?"
"Attention il glisse"
"Et la, ça va?"

Nous portons le voile plus ou moins élégamment. Je dois bien avouer que c'est assez saillant...surtout chez les iraniennes!
Et puis on finit par oublier qu'il est là.


Sur les hauteurs de Kashan, le vent souffle à perdre haleine. Les arbres ploient sous la force du vent. Évidement, le foulard peine à rester en place. Soudain il m'échappe. Mon regard croise celui d'Ali, je suis gênée. "no problem" dit-il. Avec ce vent, difficile de rester tête couverte "no problem" répète-t-il. Nous rions ensemble de notre gaucherie.


Retour a la maison. Massoumeh nous met a l'aise : " ma maison est ta maison, tu es ici chez toi". Elle en dira autant a Justine.
"Ici pas besoin de voile. Easy. No problem". Nous retirons voile, gilet et manches longues. Voilà qui est bien mieux! 
Ghazale, la fille de nos hôtes, porte fièrement un débardeur ample qui laisse apparent une brassière d'adolescente. Les parents nous montrent des photos de leur fille aînée. Osées les photos... Poses lascives et tenues légères. Elle est maquillée comme une voiture volée et coiffée comme une star de cinéma. Le puritanisme de la république islamique est bien loin...

Dans les rues, le foulard se porte en degrés divers. Les musulmanes les plus rigoureuses laissent seulement apercevoir l'ovale de leur visage. A l'autre extrême, on trouve la femme libérée. Celle qui se voile pour répondre aux lois rigides de son pays. Le morceau de tissu tient tout juste sur l'arrière de son chignon, laissant la tête aux trois quarts découverte. Elle porte un maquillage outrancier, comme autant de pieds de nez au régime. Même si le noir domine, les couleurs chatoyantes viennent animer le défilé des têtes couvertes et des manteaux longs.
Une fois a la maison, les couleurs réapparaissent, tout comme les bras nus et sûrement des tenues plus courtes encore que ce que la bienséance nous autorise! Double vie, double jeu. Jeu de rôle. Public contre privé.

Vendredi, fin d'apres midi. Nous sommes assis tous les cinq dans le jardin, assis par terre sur une couverture poussiéreuse. Le thé fumant sort brûlant de la théière oxydée par les flammes. Soudain la porte s'ouvre. Ghazale et sa maman couvrent rapidement leur tête de leur foulard noir. Au moment ou Justine et moi nous apprêtons a en faire autant, Massoumeh nous fait signe de la main et répète a plusieurs reprises "easy, easy". De sa bouche, ça veut dire " tranquille, soyez tranquilles". Alors nous restons tête nue. Une fois le thé avalé, nous quittons le jardin d'Ali. Allez, On met les voiles!


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