vendredi 18 août 2017

[Chapitre 3] Le pouce en fête !

Aurélie : J'y crois pas à ce spot. Les gens ne s'arrêteront jamais ici.
Elle n'a pas tort. On est au bord d'une grande avenue, deux fois 4 voies, au pied d'un arrêt de bus. Avec notre petite pancarte "Vilnius" qui commence à prendre la pluie, c'est mal embarqué cette histoire.
Marine : Bon... C'est pas très concluant notre affaire.
Aurélie : Ça fait même pas 15 minutes... On se donne une demi-heure et on avise. Ok?

L'aventure est en marche !
J'ai quitté Gdansk presque à regret sur les coups de 19h la veille.
Après être partie à l'assaut du plus grand château médiéval d'Europe, avoir bravé les Croisades auprès des chevaliers de l'ordre Teutonique, puis combattu l'envahisseur prussiens, j'ai mis le cap sur le farniente à la nordique. Une journée plage et coups de soleil à Sopot, la Deauville Baltique. Plage de sable fin, derricks pétroliers et chantiers navals en arrière-plan, mer à 18 degrés. Bon, s'il n'y a que ça a se mettre sous la dent, allons-y!
Il est temps de repartir. Un débarbouillage/désablage express, quelques courses et zou, c'est parti pour 10h de bus.
Kaunas, Littuanie - 5h20. Je passe la porte d'un surprenant hôtel, tout droit sorti d'un film des années 30. Décoration et charme d'une époque désuète. Je monte les escaliers à pas feutrés. On dirait un rendez-vous entre amants clandestins! Je toque à la lourde porte en bois, la réceptionniste téléphone à Aurelie. On réveille sûrement tout l'hôtel... Je me glisse sous la couette et grignote trois heures de sommeil. Il est temps de passer aux choses sérieuses.
Le temps se gâte. Ça sent l'orage. Voilà 30 minutes qu'on active les sourires au bord de l'avenue. Aurélie a trouvé le point idéal à l'entrée de l'autoroute qui mène à Vilnius. 120 km en ligne droite, so easy... Ou presque !
On alterne fous rires et moment de réalisme. Elle est un peu dingue notre idée d'autostop. Est-ce que ça va marcher ? S'il faut retourner à la gare routière pour prendre le bus, on n'est pas arrivées...

Une petite mamie nous aborde. On parle russe.
- Pour Vilnius, il faut prendre le bus derrière le carrefour, de l'autre côté. Ici c'est pas bon pour vous.
- Le bus? Ah non, on y va en stop! (Note : très fière, j'ai appris à dire "autostop" en russe !)
- En stop? C'est vrai? Ah bah là je ne peux pas vous aider... Bon voyage!

C'est décidé, on change de place.  Il nous faut un lieu qui permet plus de proximité. On se met en quête d'une station-service. Traversée hasardeuse d'un carrefour à 8 voies dans tous les sens et sans passage piéton...

"Hello, we are two Girls, from France, travelling to Helsinki. By chance, do you drive to Vilnius?"
Le discours est dans la poche. C'est parti!

Encore 30 minutes à arrêter chaque conducteur qui vient faire le plein d'essence. Personne ne semble aller à Vilnius. Les gens sont sympas et nous souhaitent bonne chance. Ça sent le roussi notre histoire. Je dessine un smiley triste sur mon pouce gauche. J'ai à peine posé le style qu'Aurelie revient sourire aux lèvres. C'est bon!!!
Aurélie : on va à Vilnius...
Tomas : oui, moi aussi, montez
Aurélie : Euh... On fait du stop ? Vous nous emmenez ?
Tomas : Oui,bien sûr. Je fais le plein et on y va. Montez
Olala... On y croit à peine! On vient de réussir notre première vraie demande en stop! Sans filet et sans assistance. On dessine un pouce "happy" sur notre main droite. C'est parti!!! Le pouce en fête, on prend la route.

Tomas est adorable. Il fait du trading de voitures allemande vers Hong Kong. Il sera papa dans quelques mois. Il nous parle des relations tendues avec la Russie, des changements liés à l'Europe, des belles choses à voir dans son pays, de ses voyages. Il nous conduit à bon port dans une BMW toute neuve. Mieux encore, il nous dépose à notre logement, trop content de nous aider dans notre expédition, et très fière d'être notre "First driver". Le clou du trajet, il a arrêté une voiture sur le bas-côté pour que sa conductrice nous prenne en photo.


Prochaine étape, rallier Vilnius à Riga. 265 km et un passage frontière. Chiche?

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