Aurélie : J'y crois pas à ce spot. Les gens ne s'arrêteront
jamais ici.
Elle n'a pas tort. On est au bord d'une grande avenue, deux
fois 4 voies, au pied d'un arrêt de bus. Avec notre petite pancarte
"Vilnius" qui commence à prendre la pluie, c'est mal embarqué cette
histoire.
Marine : Bon... C'est pas très concluant notre affaire.
Aurélie : Ça fait même pas 15 minutes... On se donne une
demi-heure et on avise. Ok?
L'aventure est en marche !
J'ai quitté Gdansk presque à regret sur les coups de 19h la
veille.
Après être partie à l'assaut du plus grand château médiéval
d'Europe, avoir bravé les Croisades auprès des chevaliers de l'ordre
Teutonique, puis combattu l'envahisseur prussiens, j'ai mis le cap sur le
farniente à la nordique. Une journée plage et coups de soleil à Sopot, la
Deauville Baltique. Plage de sable fin, derricks pétroliers et chantiers navals
en arrière-plan, mer à 18 degrés. Bon, s'il n'y a que ça a se mettre sous la
dent, allons-y!
Il est temps de repartir. Un débarbouillage/désablage
express, quelques courses et zou, c'est parti pour 10h de bus.
Kaunas, Littuanie - 5h20. Je passe la porte d'un surprenant
hôtel, tout droit sorti d'un film des années 30. Décoration et charme d'une
époque désuète. Je monte les escaliers à pas feutrés. On dirait un rendez-vous
entre amants clandestins! Je toque à la lourde porte en bois, la réceptionniste
téléphone à Aurelie. On réveille sûrement tout l'hôtel... Je me glisse sous la
couette et grignote trois heures de sommeil. Il est temps de passer aux choses
sérieuses.
Le temps se gâte. Ça sent l'orage. Voilà 30 minutes qu'on
active les sourires au bord de l'avenue. Aurélie a trouvé le point idéal à
l'entrée de l'autoroute qui mène à Vilnius. 120 km en ligne droite, so easy...
Ou presque !
On alterne fous rires et moment de réalisme. Elle est un peu
dingue notre idée d'autostop. Est-ce que ça va marcher ? S'il faut retourner
à la gare routière pour prendre le bus, on n'est pas arrivées...
Une petite mamie nous aborde. On parle russe.
- Pour Vilnius, il faut prendre le bus derrière le
carrefour, de l'autre côté. Ici c'est pas bon pour vous.
- Le bus? Ah non, on y va en stop! (Note : très fière, j'ai
appris à dire "autostop" en russe !)
- En stop? C'est vrai? Ah bah là je ne peux pas vous
aider... Bon voyage!
C'est décidé, on change de place. Il nous faut un lieu qui permet plus de
proximité. On se met en quête d'une station-service. Traversée hasardeuse d'un
carrefour à 8 voies dans tous les sens et sans passage piéton...
"Hello,
we are two Girls, from France, travelling to Helsinki. By chance, do you drive
to Vilnius?"
Le discours est dans la poche. C'est parti!
Encore 30 minutes à arrêter chaque conducteur qui vient
faire le plein d'essence. Personne ne semble aller à Vilnius. Les gens sont
sympas et nous souhaitent bonne chance. Ça sent le roussi notre histoire. Je
dessine un smiley triste sur mon pouce gauche. J'ai à peine posé le style
qu'Aurelie revient sourire aux lèvres. C'est bon!!!
Aurélie : on va à Vilnius...
Tomas : oui, moi aussi, montez
Aurélie : Euh... On fait du stop ? Vous nous emmenez ?
Tomas : Oui,bien sûr. Je fais le plein et on y va. Montez
Olala... On y croit à peine! On vient de réussir notre
première vraie demande en stop! Sans filet et sans assistance. On dessine un
pouce "happy" sur notre main droite. C'est parti!!! Le pouce en fête,
on prend la route.
Tomas est adorable. Il fait du trading de voitures allemande
vers Hong Kong. Il sera papa dans quelques mois. Il nous parle des relations
tendues avec la Russie, des changements liés à l'Europe, des belles choses à
voir dans son pays, de ses voyages. Il nous conduit à bon port dans une BMW
toute neuve. Mieux encore, il nous dépose à notre logement, trop content de
nous aider dans notre expédition, et très fière d'être notre "First
driver". Le clou du trajet, il a arrêté une voiture sur le bas-côté pour
que sa conductrice nous prenne en photo.
Prochaine étape, rallier Vilnius à Riga. 265 km et un
passage frontière. Chiche?
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