Après l'expérience de vie nomade, nous poussons la
découverte du pays encore d'un cran. A vrai dire, on s'en serait bien passé, et
je me suis longuement interrogée : je vous raconte tout ça ou pas? Et puisque
tout fini bien, et qu'on en a quand même ri, alors zou, on partage!
Nous voilà donc à Och, dans le sud du pays. Cette ville
m'intrigue depuis bien longtemps. Ancienne place forte des routes de la Soie,
cité emblématique de la mosaïque culturelle qui anime la région et triste
témoin des massacres ethniques des années 1990 et 2010, dont le monde entier à
si peu entendu parler...
Justine se remet sur pieds, après une petite intolérance a
la nourri locale. On s'organise pour aller faire deux jours de randonnée dans
la vallée Alaï, cœur du Pamir kirghize. C'est un coin assez sauvage, et
paraît-il magnifique.
Tout était pourtant bien parti, jusqu'à un horrible point de
côté qui ne se décidait pas à passer.
"P**** ça fait méga mal ce truc" une douleur dans
la poitrine qui s'étend jusqu'au bras droit, des difficultés à respirer et à
faire le moindre mouvement.
Euh... je vais peut-être aller me reposer un peu là. Au bout
de 4 heures, aucun changement... Ça craint non? Qu'est-ce qu'on fait là?
Je décide d'appeler Suzanne, la femme de mon parrain, qui
est pédiatre. Bon, d'accord, je suis un grand bébé, mais ca devrait le faire
quand même.
- Ah Marine?! Vous êtes rentrées? C'était bien les vacances?
- Euh... En fait on est toujours là-bas et on a un petit
soucis...
Diagnostic par téléphone, questions réponses... Altitude?
Respiration? Douleurs dans le dos?
- Ca pourrait être un pneumothorax...
Oulala ??? Comme dans Greys Anatomy???? Mais en général ça
fini très mal dans les épisodes en question....
Et puis de questions en réponses, quelques instants de fou
rire douloureux (parce que, oui, ça fait MAL!!), Ça ressemble plutôt a des
douleurs intercostales. Verdict : doliprane et ibuprofène pour calmer la
douleur, et pas de rando demain.
Bon, bah partons là-dessus...
Le soir sous la tonnelle de la guesthouse, nous faisons la
connaissance de Nurgul, une dame d'une cinquantaine d'année. Elle œuvre depuis
plus de vingt ans pour l'autonomisation des femmes et le renforcement de leur
rôle dans la société kirghize. Elle est passionnée par sa mission, et nous
parle des actions concrètes qu'elle mène à travers le monde. C'est un sacré
petit bout de femme! Ancienne vice-présidente de l'Université internationale de
Bishkek, elle consacre maintenant son activité à la cause du droit des femmes.
Elle est très touchée que nous nous intéressions à son pays. Nous lui expliquons
que les kirghizes sont agréables, mais qu'il nous est difficile de partager
leur quotidiens, tant ils sont discrets. Or notre vision de la découverte d'un
pays passe avant tout par le contact et l'immersion. Ni une ni deux, elle décroche
son téléphone et contacte l'une des femmes de son association, qui habite dans
un village à une heure au sud de Och. Elle nous arrange une visite dans le
village, pour partager le quotidien de cette dame, veuve, dans un village
rural. Nous arriverons le lendemain matin et passerons la nuit sur place. Nous
prévoyons d'apporter de quoi préparer une ratatouille, histoire de partager un
petit bout de notre culture également. C'est donc toutes excitées à cette idée
que nous allons nous coucher.
Nuit horrible, douleurs incessantes, je peine à respirer. Je
ne dors pas de la nuit, Justine non plus du même fait. Au petit matin, on se décide
à faire appeler un médecin. C'est là que l'immersion commence... alors déjà
décrire où on a mal dans sa langue ce n’est pas simple, alors en russe ça
devient un vrai défi. Examen express, un peu succinct à notre goût... une
piqure dans les fesses et roule ma poule.
- Maintenant tu dors, conclue la doctoresse.
Du coup, pas de virée dans le village pour découvrir la vie
rurale. Décidément, tout tombe à l'eau à Och...
Le soir ça ne va pas mieux, on se décide appeler le service d'assistance. Quitte à
avoir une assurance, autant s'en servir! Justine s'occupe de tout, une vraie
mère. Le monsieur de l'assistance se met en quête d'un médecin "fiable et
anglophone". Alors si ça existe, c'est le Pérou! Euh... le Kirghizistan ?!
Le matin je me sens presque en forme. Ça tombe bien, on va
pouvoir explorer le système médical local!
L'assistance nous a envoyé un chauffeur et une
"assistante" somme toute sympathique mais qui ne parle pas un mot
d'anglais. De toute façon, les médecins que je vais voir non plus... Justine et
moi sommes assez sereines, je vais mieux et Suzanne continue à faire
l'assistance "whatsapp".
Nous voilà dans un hôpital. A priori c'est sans rendez-vous.
On a le nom du responsable du service de Traumatologie, qui me reçoit
rapidement. J'entre la première, je me retourne. Il a fermé la porte, laissant
Justine et l'assistante dehors.
Euh... je sais rien dire en russe moi, oulala, il me faut ma
copine!!!
- Justiiiiiiine!!!!!
- Nié nada Justine.
( On n'a pas besoin de Justine)
- Ya nada. Padrouga gavarit pa ruski
(Ah bah si, moi j'en ai besoin, elle parle russe ma copine -
parce que lui, il ne parle pas anglais. Et m****)
- Niet
(Non)
... bon bah ça c'est clair...
Je ne comprends rien, je fais trois pauvres phrases. Je me
dépatouille pour dire qu’aujourd’hui je
vais mieux. il a l'air de comprendre. D'habitude mon vocabulaire me permet de
prendre l'avion, aller au restaurant, faire mes courses... mais pas du tout
d'aller chez le médecin.
Osculation expresse : je crois qu'il vérifie si je n'ai pas
une côte cassée ou un truc comme ça.
- "Fsio normal"
(tout va bien)
Et il nous envoie chez un "Nergo spécialist" (neurologue?).
On traverse l'hôpital. On est bien loin de nos standards européens... et je
suis bien contente de ne pas y séjourner !
Direction la "polyklinic". Les patients sont en
meilleur état qu'au service de traumato, et puis les peintures semblent moins
décrépies aussi.
Encore sans rendez-vous. On entre toutes les trois dans un
petit bureau longiligne, qu'on semble assaillir tant nous sommes nombreuses! Le
médecin me fait faire quelques mouvements. Encore un diagnostic express! A
priori j'aurais eu un chaud et froid lorsqu'on s'est baignées au lac Issy Kul
l'avant-veille de la douleur. Soit. Je repars avec mon ordonnance. Il préconise
des injections dans les fesses. Euh.... on part demain au Kazakhstan, c'est pas
pratique ça?! Il regarde Justine et suggère qu'elle s'en charge... Comment
dire? Elle est graphiste, pas infirmière. Et je ne tiens pas forcément a ce
qu'elle fasse ses premières armes sur mon popotin ! Nouveau fou rire. Ah non,
faut pas me faire rire, ça fait mal! Nouvelle ordonnance, avec des cachets.
Effectivement, ça semble plus adapté.
Je reste quand même un peu sceptique sur la qualité des
examens, mais bon... Suzanne veille au grain :)
De toute façon, j'ai beaucoup moins mal. Le moral est bon,
les troupes sont fraîches!
Demain on prend l'avion et on se CASSE! Direction le
Kazakhstan, pour reprendre un peu de rythme et d'aventures!!!!
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