21:30, le train reliant Almaty à Aktobe se met en marche. Un
train express, flambant neuf, de fabrication espagnole. Nous avons 12 heures de
trajet jusqu'à Turkestan.
Nous allons parcourir en une nuit le parcours des caravanes
des routes de la Soie, plus de 1000 ans auparavant.
Les compartiments de la classe "Luxe" sont
idéalement optimisés. Aucune place perdue. Deux couchettes se superposent. Un
petit escalier escamotable permet d'atteindre celle du dessus.
À Almaty, Léna nous a
aidés à réserver nos places. C'était les dernières et nous ne voyagerons pas à
côté. Qu'importe. Nous voilà chacune dans notre compartiment. Le garçon
responsable du wagon nous aide chacune à monter nos énormes sacs dans les
niches a bagages du plafond.
Attenant à chaque
cabine se trouve une salle d'eau avec wc et douche. De quoi apprécier plus
encore le confort du train!
La caravane ferrée s'est mise en route depuis un moment
déjà. Mon camarade de chambrée dort sur ses deux oreilles. Le ronronnement du
train, le ballottement du wagon, le ronflement de la clim, bercent la voyageuse
rêveuse. Parmi les voyageurs, certains traverseront le pays en près de 50
heures...
Je me perds dans mes songes. Quand j'ouvre l'œil, mon voisin
est déjà descendu. Le soleil poinds doucement à l'horizon. Il irradie le pâle
relief qui se dessine. Puis le jour se lève, de cette lumière blanche et douce
qui ne brûle pas encore. Par la fenêtre du train, le néant. La platitude
infinie des steppes de la faim. Un relief balayé par les vents glacés l'hiver,
brulé par le soleil et l'air chaud l'été.
9:30, arrivée à Turkestan.
Nous allons donc les croiser à nouveau, ces routes de la
Soie. Elles se sont faites discrètes durant ce voyage. Enfin, les voilà, nous
les touchons du bout des doigts.
Le mausolée de Kodja Akhmed Asavy est imposant et délicat à
la fois. Commandé par Tamerlan, alors maître de l'Asie Centrale, il ne sera
jamais achevé. A la mort de son commanditaire en 1405, le monument tombe dans
l'oubli et traverse les siècles sans transformation. Et pourtant, quelle
grandeur! Les maîtres constructeurs perses expérimentèrent a Turkestan de
nouvelles solutions architecturales et structurelles, utilisées ensuite pour la
construction de la belle Samarcande, en Ouzbekistan. Le bâtiment est surmonté
d'un immense dôme, l'un des plus grands d'Asie Centrale. Les céramiques turquoise
et bleues stylisent arabesques et versets du coran, dans le but de vulgariser
l'islam conquérant en cette fin de 14ème siècle.
Nous déambulons plusieurs heures autour du bâtiment, avant
de prendre la route de Shimkent.
Alors effectivement,
Turkestan n'a pas le charme de Boukhara ni la magnificence d'Isfahan. Les
routes de la Soie sont discrètes, parfois timides. Mais elles sont là, à portée
de main. Elles sont dans les récits des voyageurs, de Marco Polo à Ella
Maillard. Elles sont dans les travaux des archéologues, et en partie sous nos
yeux.
La vallée du Syr Daria, marque l'extrémité nord des conquêtes
d'Alexandre le Grand. Elle constitue un bassin fertile et prospère pour les
civilisations qui y élirent domicile. Nous la parcourons en partie, jusqu'à
atteindre la brûlante Shimkent. Le thermomètre flirte dangereusement avec les
40 degrés, l'air est brûlant et pique les yeux. Nous croisons quelques chameaux
de Bactriane, broutant les steppes. ils viennent apporter la dernière touche au
portrait des routes de la Soie.
Nous nous refugions dans un hôtel luxueux et climatisé pour
une douche fraîche et revigorante.
Jeudi matin, nous partons à l'assaut de Sayran, cité mineure
des routes de la Soie qui a su préserver quelques mausolées intéressants et un
minaret rondouillard.
Le temps d'explorer la ville sous un soleil de plomb, voilà
déjà l'heure de regagner Bishkek.
Il nous reste huit heures de bus de nuit, et un nouveau
passage frontière. Une dernière expédition sur les routes d'Asie Centrale.
Voilà déjà presque la fin du voyage...
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