Dakar, la poussiéreuse. Les rares tronçons goudronnés sont
bien vite recouverts de sable rouge. Les rues sont un entrelas de pistes
chaotiques, de nids de poules tellement profonds que les voilà emplis d'eau de
pluie.
J'ai déménagé au bord de l'océan, en face d'une longue bande
de sable fin. L'odeur des embruns est masquée par le parfum âcre des ordures en
décomposition. Des montagnes d'immondices s'accumulent sans qu'elles ne
semblent déranger les passants ou les habitants du quartier. Les gosses jouent pieds
nus, traversent ces décharges à ciel ouvert pour rejoindre ma plage. Plus loin,
les chèvres trouvent leur bonheur dans ce capharnaüm de victuailles putréfiées.
Les quartiers à demi construits côtoient ceux à moitié
achevés. L'industrie du parpaing est reine, il lui manque le prince "crépis". Malgré une impression de
zone abandonnée, les quartiers sont pleins de vie. Ici une épicerie, là un
tailleur. Plus loin une boucherie, une pharmacie et un ébéniste. La
construction urbaine prend un sens vraiment loin de celui qui m'est familier.
Tout semble anarchie. Je suis partagée entre le dégoût de tant de paupérisation
et la curiosité de comprendre comment ces habitats sont structurés...
Et puis j'ai découvert "l'autre Dakar". Celui
structuré et organisé, bitumé et propret. Le centre-ville ressemble à toute
mégalopole : de larges artères surpeuplées aux heures de pointes, des buildings
accueillant les sièges ultramodernes de grands groupes internationaux, des
centres commerciaux, des hôpitaux de pointe...
Nous faisons la connaissance de Mariama, une ancienne du
Turkménistan, rentrée travailler dans son pays d'origine. Nous nous sommes
loupées à quelques jours près dans la lointaine Ashgabat, mais j'ai beaucoup
entendu parler d'elle. Elle vient nous chercher, Aurélie et moi, au pied de
notre hôtel. Avec son mari, elle va nous faire découvrir un autre visage de
Dakar. Dans leur voiture climatisée, nous traversons la ville jusqu'à la
Corniche, surplombant l'océan. Nous discutons longuement du Turkménistan et de
cette effarante vie d'avant, mais aussi de leur vie ici, au pays.
Bientôt nous passons devant de superbes villas, flirtant
sans décence avec des dizaines de millions de francs CFA. Dernier visage de
Dakar, celui des propriétaires plus riches que je ne le serai jamais... Nous
n'aborderons pas ici la façon dont tant de fonds ont pu être collectés. Les
scandales ont suffisamment nourris les actualités...
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