Un nuage noir se profile à l'horizon. Il se rapproche à vive
allure, présage sans sommation d'un orage virulent. Les premières gouttes
viennent caresser les vitres du bus bondé dans lequel j'ai pris place. Ce n'est
que le début. Elles arrivent, telles une cavalcade. Plus nombreuses, plus
denses, plus rapides. Nous descendons à l'embranchement.
Il ne reste que 200 mètres avant d'arriver à la Maison des
Amis de la Nature. Bollel me colle dans un taxi. Je rouspète : "pour 200
mètres, je peux marcher!" "Mais il pleut!" me rétorque-t-il.
Évidence...
Le vieux tacot ne démarre pas : impossible de remonter la
vitre du conducteur. Vaines tentatives. Il pleut dans l'habitacle, par la
fenêtre et par le toit. La vieille carcasse est trouée de rouille. Mais elle
roule. Dois-je considérer que c'est un miracle ou simplement le Sénégal? Qui
sait...
Enfin nous démarrons. À quelques encablures, je me
manifeste. Je descends du véhicule, traverse la route sous une pluie battante.
Je tente de maintenir au sec les fournitures que je transporte : rouleau de
papier et ordinateur en priorité.
Dehors, le ciel craque, l'orage gronde. La maison s'emplit
peu à peu d'eau, par tous les interstices. Il est 18:00, je prends la plume
pour la première fois, à l'abri. Le toit de la tonnelle me protége la tête. Mes
jambes reçoivent la fraîcheur des gouttes, mes pieds nus pataugent dans les
flaques qui s'emplissent. Tonnerre violent. Je sursaute. Encore. Je tressaille.
Les éclairs sont immédiatement accompagnés du son colérique de Zeus. La foudre
tombe sous les yeux. Je rentre me mettre à l'abri. C'est la fin de l'hivernage.
Bientôt s'écouleront les dernières
gouttes de pluie. La saison sèche prendra place. D'ici là il faudra panser les
dégâts faits par les intempéries. Les routes sont défoncées, les égouts
saturés, les écoulements bouchés. Le trafic se paralyse. Les activités
économiques tournent au ralenti.
L'orage a cessé. Je profite maintenant de la fraîcheur.
L'horizon se dégage.
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