samedi 2 janvier 2016

[Chapitre 10] Ça va? Ça va bien? Oui ça va bien!

Et voilà que commence le cirque des salamalèques. Il serait de mauvais ton de refuser de se soustraire au rituel des salutations.
"Bonjour! Ça va?"
" Oui, ça va bien. Ça va vous? Le voyage? Pas trop long?"
" Et vous, la Tabaski,  bien passée? Le mouton?"
" Ça va oui, le mouton. La Tabaski s'est bien passée"
" Et vous, la Sénégal? Pas trop chaud?"
Parce que les salutations font partie intégrante de la Teranga sénégalaise. Ne parle-t-on pas du pays de la Teranga? Dans la langue Wolof, il s'agit de l'hospitalité.

Quiconque passe le pas de la porte est un ami, un hôte qui vient de loin et qui doit être accueilli comme un parent.
L'hospitalité, c'est aussi la solidarité et l'entraide. Elle se manifeste au sein de la famille, proche ou agrandie. Les événements de famille, fêtes religieuses... Sont autant de moments partagés et d'occasions de se retrouver. L'hospitalité est spontanée, naturelle. Elle ne laisse pas de faux semblants, même si la pression sociale vient alourdir le poids des intentions.
À la maison, la femme cuisine toujours une part de plus, pour un invité inattendu ou pour un nécessiteux... On se serre, on se rapproche. On s'intéresse à l'autre. Dans la rue, la loi du talion fait foi.  Quiconque importune, malmène ou vole est puni par le groupe, qui le rendra "en l'État" aux autorités.  Dans les familles, l'entraide intergénérationnelle est la norme. Spontanéité ou poids culturel, la frontière est parfois mince à déceler.


Chrétiens et musulmans vivent en harmonie. Ils sont tous cousins, parents lointains. Des lors, que pourrait justifier de combattre un frère? Lorsqu'on évoque les conflits par-delà les frontières, ils sont tous unanimes : ça ne peut pas arriver ici. Les sénégalais aiment trop la vie, la fête et l'amour pour donner leur vie par pure folie. Daesh ne pourra jamais, selon eux, passer les frontières du pays de la Teranga. Croisons les doigts pour qu'il en soit ainsi.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire