Et voilà que commence le cirque des salamalèques. Il serait
de mauvais ton de refuser de se soustraire au rituel des salutations.
"Bonjour! Ça va?"
" Oui, ça va bien. Ça va vous? Le voyage? Pas trop
long?"
" Et vous, la Tabaski,
bien passée? Le mouton?"
" Ça va oui, le mouton. La Tabaski s'est bien
passée"
" Et vous, la Sénégal? Pas trop chaud?"
Parce que les salutations font partie intégrante de la
Teranga sénégalaise. Ne parle-t-on pas du pays de la Teranga? Dans la langue
Wolof, il s'agit de l'hospitalité.
Quiconque passe le pas de la porte est un ami, un hôte qui vient
de loin et qui doit être accueilli comme un parent.
L'hospitalité, c'est aussi la solidarité et l'entraide. Elle
se manifeste au sein de la famille, proche ou agrandie. Les événements de
famille, fêtes religieuses... Sont autant de moments partagés et d'occasions de
se retrouver. L'hospitalité est spontanée, naturelle. Elle ne laisse pas de
faux semblants, même si la pression sociale vient alourdir le poids des
intentions.
À la maison, la femme cuisine toujours une part de plus,
pour un invité inattendu ou pour un nécessiteux... On se serre, on se
rapproche. On s'intéresse à l'autre. Dans la rue, la loi du talion fait
foi. Quiconque importune, malmène ou
vole est puni par le groupe, qui le rendra "en l'État" aux
autorités. Dans les familles, l'entraide
intergénérationnelle est la norme. Spontanéité ou poids culturel, la frontière
est parfois mince à déceler.
Chrétiens et musulmans vivent en harmonie. Ils sont tous
cousins, parents lointains. Des lors, que pourrait justifier de combattre un
frère? Lorsqu'on évoque les conflits par-delà les frontières, ils sont tous
unanimes : ça ne peut pas arriver ici. Les sénégalais aiment trop la vie, la
fête et l'amour pour donner leur vie par pure folie. Daesh ne pourra jamais,
selon eux, passer les frontières du pays de la Teranga. Croisons les doigts
pour qu'il en soit ainsi.
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