samedi 2 janvier 2016

[Chapitre 7] Keur Massar

Les formations se poursuivent, toujours aussi peu organisées.

Je rencontre les femmes de Keur Massar, grosse bourgade à 45km de Dakar. Comme beaucoup, elles se sont liées en GIE (Groupements d'Intérêt Économique). Cette structure regroupe des femmes qui en plus de leurs activités quotidiennes (gestion de la maison essentiellement, et parfois une activité professionnelle comme le ménage ou le secrétariat, s'associent dans le cadre d'activités génératrices de revenus. L'organisation est très structurée. On y trouve une présidente, Madame Sarr, ainsi qu'une commissaire aux comptes, plus couramment appelée trésorière dans nos contrées, Aïssatou. Elles sont environ 33 partenaires.
Chaque semaine, chacune d’entre elle verse une cotisation de 1000 frs, à laquelle s'ajoutent 100frs de frais de fonctionnement. Le pot commun, ainsi collecté, sert à financer les projets du GIE, ainsi qu’un « panier » composé de biens pour le foyer (savon, chocolat, huile…). La donation se fait par tirage au sort parmi les membres du GIE. A la fin de chaque période, elles versent à nouveau 1000 frs + 100frs. Si l’une d’entre elle a un projet, ou un coup dur, elle peut faire appel aux fonds du GIE. Chacune cotisera pour celle qui en fait la demande. Cette dernière devra ensuite rembourser les fonds au groupement.
Le système de GIE est institutionnalisé et légalisé au travers d’un règlement intérieur, signé par chaque membre et déposé devant les autorités. En effet, les fonds ainsi brassés peuvent être très élevés et pourraient aisément attirer la convoitise des moins honnêtes... Le ton est formel : si quelqu'un cherche à resquiller, les autorités ne tarderont pas à lui mettre la main dessus! On ne badine pas avec la confiance collective.

Malheureusement, le GIE des femmes de Keur Massar à développé des micro activités permettant seulement de vivoter. Le micro-jardinage se résume à des semis de graines dans un bac en plastique. Il y a bien eu la fabrication d'eau de javel et celle de savons. Mais elles ont cessé, faute de moyens... Nous avons profité d'une séance de travail sur les coûts de revient pour identifier le bénéfice unitaire issu de la production d'eau de javel : près de 28% de marge! Reste que tout est question de volume, car 28% de pas grand-chose, ça reste très peu...
Aujourd'hui, les femmes veulent se lancer dans la pâtisserie.
La formation du jour concerne le lancement de nouvelles activités. Autrement dit, comment transformer une idée en entreprise. Ce qu'on appelle business plan dans nos écoles de commerce prend un sens concret, et simplifié, dans la salle de réunion non ventilée qui nous est attribuée. Nous discutons ensemble des étapes à respecter. Comment savoir qu'une idée est une bonne idée? Et comment réagir si ce n'est pas le cas? D'un exemple à l'autre, la formation prend du sens.

Je m'inquiétais avant de partir sur ma capacité à parler simplement de choses simples, de la difficulté à maintenir l'attention de population ayant depuis longtemps quitté les bancs de l'école, certains même n'y étant pas allés. Les sourires et le dynamisme qui me sont renvoyés par les femmes de Keur Massar, puis par tous les autres stagiaires, éteignent mes derniers doutes.

Malheureusement, les activités génératrices de revenus sont souvent extrêmement rudimentaires. Les moyens manquent. Les femmes projettent de professionnaliser leurs activités grâce à la pâtisserie. Il leur reste à franchir l'étape de l'investissement pour acquérir la batteuse. Souhaitons qu'elles puissent venir à bout de leur projet.

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