mercredi 3 juin 2015

[Chapitre 22] Sorry for you...

Nous rencontrons Maila a Téhéran, un peu perdues dans cette ville tentaculaire et polluée. Elle nous conduit jusqu'au Gollestan Palace, somptueux sous ces sept pavillons finement décorés. Elle est graphique designer dans une entreprise industrielle. Elle rêve d'ailleurs. "Je veux quitter ce pays pour ne plus porter le voile". Elle est souriante, sous son foulard noire et sa runique brodée a fleurs. Elle porte un petit nez refait, comme tant l'iraniennes, et un diamant factice sur l'une des dents. Elle nous conduit jusqu'au bon port. Une petite photo en souvenir et elle disparait comme elle était apparue.

Rencontre avec Zahra, pour notre dernière soirée iranienne. Elle travaille pour Bouygues Iran. Nous avons été mises en contact par Emmanuel, mon ancien directeur. Elle nous retrouve a l'hôtel avant de partir dîner. La soirée est merveilleuse. Dîner succulent et musique traditionnelle entrainante. Fin de soirée, le propriétaire vient s'assurer que tout se passe pour le mieux. Il  demande si nous passons un bon moment dans son établissement. Il nous fait savoir qu'il espère que ce n'est pas trop dur pour nous de porte le hidjab (foulard islamique). Il souhaite qu'un jour son restaurant soit libre pour nous de venir tête découverte. 
Zahra peste contre cette contrainte et le manque de liberté de son peuple. Pas de boite de nuit, de lieu de rencontre pour les hommes et les femmes. Pas de légèreté dans ce monde sous contrôle. Elle a eu un petit ami italien, qui l'a  laissé choir sans raison. Elle idéalisé les couples européens, fidèles et honnêtes l'un envers l'autre. Elle n'a pas compris sa réaction.... Si elle pouvait comprendre que les hommes ne sont ni pires ni meilleurs ailleurs. Nous lui souhaitons liberté et bonheur pour elle et le peuple iranien, tout en conservant leur hospitalité et leur ouverture sur les Autres.
Le temps suspens son cours sur fond de musique iranienne. Dernière soirée. Retour a l'hôtel. Il nous reste deux heures de sommeil avant de prendre le taxi pour l'aéroport.


1:30. Tintamarre nocturne. Violents coups sur une porte. Le bruit vient de loin. Il semble raisonner dans les cloisons. Je mets du temps à l'entendre. Je pense qu'il s'agit d'un voyageur peu prévoyant qui a oublié de réserver et se trouve enfermé dehors en pleine nuit. Les saccades semblent faire trembler l'immeuble tout entier. Soudain quelqu'un frappe à notre porte. C'est Xavier, le belge qui sillonne les routes de la Soie en 4*4 Niva. Il est avec Monsieur Ali, le propriétaire. Guillaume, le français avec qui nous avons passé la soirée est enfermé dans sa salle de bain et tambourine depuis près d'une heure et demi pour qu'on vienne l'en sortir. Monsieur Ali passe par notre fenêtre pour essayer d'atteindre celle de notre voisin. Nous voilà en pyjama, Justine et moi, dans le couloir, avec Ali et Xavier. Deux semaines d'efforts à se voiler à la moindre sortie, tant d'efforts mis a mal en quelques minutes. On est loin de la loi islamique...

Enfin Guillaume est libéré. Il est nu comme un vers derrière l'encablure de la porte, honteux et confus de tant de tapage. Il a sûrement réveillé tout l'hôtel. On continue a bavarder, toujours en pyjama, dans le couloir. Pas très Halal tout ça!


La loi islamique,c'est une chose. Sa mise en oeuvre en est une autre. Au pays du puritanisme d'affichage, le respect des règles n'est pas sans faille. Nous ne nous attendions pas vraiment à nous faire mettre la main aux fesses par des iraniens sans scrupules. J'en connais un qui se rappellera longtemps, j'espère, que ce genre de chose ne se fait pas. La réprimande que je lui ai fait était a la hauteur de ma surprise !

Bientôt l'heure de prendre l'avion. Il nous reste 45 minutes de sommeil... Le retour va être compliqué !

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