Nous poursuivons nos déambulations. Nous voilà à Ispahan, en cette fraiche soirée de mai. Ce soir là, nous allions faire l'une des plus belles rencontres de notre séjour, par le plus charmant des hasard. Justine et moi nous perdons dans les volutes des arabesques de la Mosquee de l'Imam.
Elaheh et Payam nous interpellent, curieux de savoir d'où nous venons et ce qui nous a conduit ici. Payam est étudiant en sciences naturelles, mais il s'est pris de passion pour les langues et plus particulièrement pour le français qu'il maîtrise parfaitement. Sa petite marotte? Les expressions françaises! Elaheh, son amie, est étudiante en littérature francophone. Elle aime la poésie, notamment les poètes parnassiens. Il lui reste 4 mois pour terminer son mémoire portant sur l'influence de la guerre et de la mort sur l'homme contemporain...
Nous allons discuter longtemps, ce premier soir. De nos vies en Orient et en Occident, de littératures et d'artisanat iranien. A l'heure où le bazar ferme ses portes, Payam nous propose d'aller nous balader vers le pont Khajù. Ses 24 arches, abritant des vannages, enjambent la rivière. L'animation bat son plein. La nuit est tombée depuis longtemps déjà. A l'abri sous les arches, les générations se retrouvent pour chanter, laissant ainsi s'exprimer à la fois la mélancolie de leur peuple ou la joie des temps heureux. Cachés, là où personne ne peut les entendre, les hommes et les femmes entonnent des musiques traditionnelles "la police ne viens pas jusqu'ici" nous glisse Payam. La musique est interdite par le régime.
Nous grignotons biscuits et pistaches sur les hauteurs du pont. Le temps suspens son cours.
" ...allons ensemble découvrir ma liberté, oubliez donc tous nos péchés. Bienvenue dans ma réalité... ". Nous entonons gaiement, a demi-voix les rimes de Zaz, connus de nous quatre.
Allez, " on se casse", il est tard. Encore une expression dans la besace de Payam. Il est incroyable!
Nous nous retrouverons le lendemain soir, pour un pique nique, sous les céramiques bleues d'Ispahan. Nous parlerons de Rimbaud, Verlaine, Baudelaire ou Théophile Gautier, du Visa de Payam pour le Canada.
Comme si nous ne pouvions quitter Ispahan sans revoir, une dernière fois, Payam et Elaheh, nous nous donnons rendez vous pour une glace au Safran, la veille de notre départ. Dernières photos, dernières balades, derniers cadeaux pour ne pas oublier. Une carte postale rédigées en farsi :
" Chère Marine,
Notre rencontre place de l'Imâm m'a fait grand plaisir. Je souhaite que ton voyage soit plein de succès.
Payam"
Nous nous quittons dans de grandes embrassades avec l'idée de nous revoir, ici ou ailleurs...
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