vendredi 3 août 2012

Notes de voyage

Mercredi 1er août, quelque part entre Sofia et Bucarest.

Le train court à lente allure en direction de Moscou.
Je n’ai aucune idée du temps que ça leur prendra, au train et à ses voyageurs, pour rejoindre la lointaine capitale russe. Ils ont tout prévu, le pique nique, le plein ravitaillement, les jouets pour les petits. Après une nuit dans ce compartiment, je descendrai à Bucarest…

Le train a quelque chose de magique. En cette première soirée d’août, je me sens voyager. Il n’y a plus autour de moi la foule de touristes, étudiants et routards, qui m’envahissait à Sofia. C’est un peu égoïste, mais seule, dans le compartiment de ce wagon, entourée de russophone, je sens vibrer l’âme du voyage. Le ronron du train sur les rails me berce lentement. 9 heures à sillonner les rails, de la Bulgarie à la Roumanie.

Le voyage en train à la lenteur pour seule devise. Alors qu’un avion mettrait seulement 1h30, j’en prendrais 9. Neuves heures ballotée dans cette machine qui fonctionnait jadis à la vapeur. Le voyage en train, c’est la découverte d’une tranche de vie, laissant apparaitre le quotidien de ses voyageurs. Je me souviens de l’Inde, première épopée ferroviaire, je revois les gens que nous y avons rencontrés. J’espère que ce retour par la voie des rails sera aussi riche en rencontres…

Dehors le paysage défile. Il fait nuit maintenant, je ne distingue plus que les silhouettes tantôt élancées, tantôt empâtées, des montagnes que nous traversons.

Le tohu-bohu de la machine qui m’entraine plus à l’est me berce, mon esprit vagabonde. Quelle délectation. J’ai l’impression de quitter le XXIème siècle, où tout n’est que vitesse et précipitation, pour renouer avec ce que j’imagine être les sources du voyage.

Moscou pour terminus, je n’irai pas si loin… J’aurai pu, et je repense à la façon dont j’aurai pu gagner Paris depuis Ashgabat. S’eut été aisé, mais onéreux (sans compter les réticences de l’entreprise qui me laissait partir !) et je n’aurais pas vu la Turquie, ni mes camarades turcs préférés à qui j’envoie une lointaine pensée…

Pour une raison que j’ignore, les inter-railleurs (= ceux qui ont fait l’acquisition d’un pass interrail pour voyager à travers l’Europe) ont tous pris la direction de Belgrade. La mignonne cité m’a déjà accueilli il y a quelques années...

La porte du wagon fermée, le lit est prêt à recevoir mes songes pour une nuit, en chemin pour Bucarest… Le voyage sera peut être secoué de « kontrol bilet », mais j’en doute. La contrôleuse, aimable comme une porte de prison, a récolté les billets des passagers de son wagon. Elle veille au grain afin que l’ordre règne. Je pense que la nuit sera calme…





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