vendredi 18 mai 2012

Carnet de voyage

Ouzbékistan. Aucun pays n’incarne mieux la grandeur passée des routes de la soie. Khiva, Boukhara, Samarcande… autant de cités endormies qui furent, jadis, les perles du commerce mondial.

Il y a les légendes, les récits des livres d’Histoire, les romans d’aventure. Quand on y met enfin les pieds, toutes ces images s’envolent telles des chimères pour laisser place à la splendeur.


Boukhara. Couleurs, odeurs, lumières, tout se mélange pour donner une mosaïque indescriptible. A chaque détour de ruelle, une petite merveille se dévoile. 


L’enchevêtrement de venelles séculaires confère un charme indescriptible à la ville. Bientôt apparaît une medersa recouverte de mosaïques d’une finesse exquise. Encore quelques pas et un dôme turquoise se dévoile. Puis un minaret, de toute sa hauteur, vient vous coiffer de haut.




En fin d’après-midi, la ville se pare de orange, les jeux d’ombres et de lumières laissent vagabonder l’imagination. Tamerlan, Gangis Khan, Avicenne…ils revivent tous ici, jouant à cache-cache parmi les medersas, les mosquées et autres marchés couverts. Les clameurs des vendeurs de tapis ne suffisent pas à troubler la rêverie du voyageur solitaire. Quelle quiétude.




 
Puis on quitte la vieille ville, on s’éloigne des touristes. Me voilà au marché Kholkhoze et ses étals divers. On y trouve tout et rien. Deux vendeuses de cordes posent pour la postérité, tandis qu’une vendeuse de tabac évite mon objectif. Quelles sont belles, ces babouchkas aux dents d’or, laissant apparaître un très large sourire. La route de la soie du XXIème siècle reprend les tracés de ses ancêtres depuis longtemps disparues. Les épices et autres étoles d’antant ont laissé place aux jouets « made in China » et aux pashminas « made in India ». 




Qu’importe, le commerce perdure, les échangent continuent.

A la nuit tombée, le silence reprend ses droits. Les derniers touristes regagnent leurs hôtels au charme raffiné. Demain, Boukhara se réveillera pour une nouvelle journée, placée sous le signe des échanges et du commerce…

Samarcande. Mythique parmi les saintes, la ville se rêve avant de se vivre. Puis enfin le train s’arrête. « Samarkand » annonce le chef de gare. Ici on parle tadjik plus que russe. Des bus entiers de visiteurs, touristes ou pèlerins, s’amassent dès 8h30 devant les principaux monuments. 

 Samarcande, le charme peine à opérer. La splendeur du Régistan, la magnificence du Gonur Amir ne suiffisent à faire oublier les ravages perpétrés par le gouvernement dans sa « mise en valeur du patrimoine ». 


 Les quartiers entourant les principaux monuments ont été rasés pour laisser place à de larges avenues impersonnelles, les chaïkanas ont été remplacées par des boutiques de souvenir. Et pour présenter au touriste l’image d’un pays propre et riche, les quartiers qui subsistent, ayant résisté à l’invasion des bulldozers, sont ceints de murs, cachés derrière des briques et de la mosaïque des années 2000. Quels scandales, ces murs de la honte. 


Habitants reclus derrière des vitrines officielles, des décors de cinéma. Qu’en pensent-ils, ces pestiférés d’un autre temps, ces enfants insouciants qui grandissent à l’ombre de monuments vendus aux consommateurs de patrimoine mondial ? Combien remarquent ces artefacts voués à les protéger de la vue de ces quartiers de pays émergents, sol en terre battue et ruelles tortueuses ?

 


Je quitte Samarcande toute à la fois subjuguée par la beauté du patrimoine et révoltée par cette dépossession du peuple ouzbèke de ses propres joyaux.



Retour à Boukhara. La cité me rappelle à sa ferveur. C’est avec un immense plaisir que je retrouve ce joyau endormi, à l’heure où le soleil décline.

Dernier regard à ce minaret qui me toise de haut. Il me faut repartir. Boukhara est une ville sainte, quiconque fait le vœu d’y revenir se voit exaucé. Espérons que la légende dise vrai…

1 commentaire:

  1. Très belles photos (j'aime tout particulièrement l'avant dernière) et tellement vrai!!! Voilà qui me rappelle en tout cas d'excellents souvenirs!!! ;-)
    A très bientot!!
    Florence N.

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