Ouzbékistan. Aucun pays n’incarne mieux la
grandeur passée des routes de la soie. Khiva, Boukhara, Samarcande…
autant de cités endormies qui furent, jadis, les perles du commerce
mondial.
Il y a les légendes, les récits des livres d’Histoire, les romans d’aventure. Quand on y met enfin les pieds, toutes ces images s’envolent telles des chimères pour laisser place à la splendeur.
Boukhara.
Couleurs, odeurs, lumières, tout se mélange pour donner une mosaïque
indescriptible. A chaque détour de ruelle, une petite merveille se
dévoile.
L’enchevêtrement de venelles séculaires confère un charme
indescriptible à la ville. Bientôt apparaît une medersa recouverte de
mosaïques d’une finesse exquise. Encore quelques pas et un dôme
turquoise se dévoile. Puis un minaret, de toute sa hauteur, vient vous
coiffer de haut.
En fin d’après-midi, la ville se pare de orange, les jeux d’ombres et de lumières laissent vagabonder l’imagination. Tamerlan, Gangis Khan, Avicenne…ils revivent tous ici, jouant à cache-cache parmi les medersas, les mosquées et autres marchés couverts. Les clameurs des vendeurs de tapis ne suffisent pas à troubler la rêverie du voyageur solitaire. Quelle quiétude.
Puis on quitte la vieille
ville, on s’éloigne des touristes. Me voilà au marché Kholkhoze et ses
étals divers. On y trouve tout et rien. Deux vendeuses de cordes posent
pour la postérité, tandis qu’une vendeuse de tabac évite mon objectif.
Quelles sont belles, ces babouchkas aux dents d’or, laissant apparaître
un très large sourire. La route de la soie du XXIème siècle reprend les
tracés de ses ancêtres depuis longtemps disparues. Les épices et autres
étoles d’antant ont laissé place aux jouets « made in China » et aux
pashminas « made in India ».
Qu’importe, le commerce perdure, les
échangent continuent.
A la nuit tombée, le silence
reprend ses droits. Les derniers touristes regagnent leurs hôtels au
charme raffiné. Demain, Boukhara se réveillera pour une nouvelle
journée, placée sous le signe des échanges et du commerce…
Samarcande.
Mythique parmi les saintes, la ville se rêve avant de se vivre. Puis
enfin le train s’arrête. « Samarkand » annonce le chef de gare. Ici on
parle tadjik plus que russe. Des bus entiers de visiteurs, touristes ou
pèlerins, s’amassent dès 8h30 devant les principaux monuments.
Samarcande, le charme peine à opérer. La splendeur du Régistan, la
magnificence du Gonur Amir ne suiffisent à faire oublier les ravages
perpétrés par le gouvernement dans sa « mise en valeur du patrimoine ».
Les quartiers entourant les principaux monuments ont été rasés pour
laisser place à de larges avenues impersonnelles, les chaïkanas ont été
remplacées par des boutiques de souvenir. Et pour présenter au touriste
l’image d’un pays propre et riche, les quartiers qui subsistent, ayant
résisté à l’invasion des bulldozers, sont ceints de murs, cachés
derrière des briques et de la mosaïque des années 2000. Quels scandales,
ces murs de la honte.
Habitants reclus derrière des vitrines
officielles, des décors de cinéma. Qu’en pensent-ils, ces pestiférés
d’un autre temps, ces enfants insouciants qui grandissent à l’ombre de
monuments vendus aux consommateurs de patrimoine mondial ? Combien
remarquent ces artefacts voués à les protéger de la vue de ces quartiers
de pays émergents, sol en terre battue et ruelles tortueuses ?
Je
quitte Samarcande toute à la fois subjuguée par la beauté du patrimoine
et révoltée par cette dépossession du peuple ouzbèke de ses propres
joyaux.
Retour à Boukhara. La
cité me rappelle à sa ferveur. C’est avec un immense plaisir que je
retrouve ce joyau endormi, à l’heure où le soleil décline.
Très belles photos (j'aime tout particulièrement l'avant dernière) et tellement vrai!!! Voilà qui me rappelle en tout cas d'excellents souvenirs!!! ;-)
RépondreSupprimerA très bientot!!
Florence N.